Les études ont été contradictoires sur d’éventuels effets de la vitamine A contre le cancer du sein, ces chercheurs de l’Université Thomas Jefferson viennent de comprendre pourquoi. Ils démontrent en effet ici, dans l’International Journal of Oncology, qu’un dérivé de la vitamine A, l'acide rétinoïque, abondamment présent dans la patate douce et les carottes, contribue à inverser des cellules précancéreuses en cellules mammaires normales et saines. Mais cet effet n’est constaté qu’au stade précancéreux et non pas aux stades plus avancés du cancer. Ce dérivé, qui reste à tester chez l’Homme pourrait donc inverser l’évolution des lésions précancéreuses, ses lésions qui peuvent évoluer vers un cancer.
Cette étude contribue ainsi à expliquer pourquoi certaines études n'ont pas identifié de bénéfice anti-cancer de la vitamine A. Car la vitamine ne modifie pas l'évolution du cancer, seulement des cellules précancéreuses et sur une fenêtre d'intervention qui semble très étroite.
Le Pr Sandra V. Fernandez professeur d'oncologie médicale à l'Université Thomas Jefferson et son équipe ont pris en compte l'évolution de la maladie, avant ses stades agressif et métastatique et travaillé sur 4 types de cellules correspondant à une étape différente du cancer du sein: cellules saines et normales, précancéreuses, cancéreuses et de cancer agressif. Lorsque les chercheurs exposent ces 4 types de cellules mammaires à différentes concentrations d'acide rétinoïque, un produit de la vitamine A (trans-retinoic acid – ATRA), les chercheurs constatent un changement très significatif dans les cellules précancéreuses.
La vitamine A exerce des effets épigénétiques sur les cellules précancéreuses : Les cellules précancéreuses redeviennent similaires sur le plan structurel à des cellules normales mais leur signature génétique revient également à la normale. Ainsi, alors que ces cellules précancéreuses présentent une expression différente de 443 gènes (à la baisse ou à la hausse), par rapport aux cellules saines -des changements d'expression qui indiquent aussi le développement du cancer- l'expression de ces gènes redevient « normale » après traitement à l'acide rétinoïque.
L'étude permet ainsi, grâce aux 4 types cellulaires correspondant à 4 stades de la maladie de cerner l'effet précis de l'acide rétinoïque.
Car les cellules cancéreuses ne répondent pas à l'acide rétinoïque, suggérant une petite fenêtre d'opportunité pour cet effet anticancéreux de l'acide rétinoïque. Ensuite, une concentration précise d'acide (environ 1 micromole ou 10-6 mole) permet ces effets, ni plus ni moins.
Les chercheurs ont donc aujourd'hui 2 nouveaux objectifs, vérifier si ces résultats peuvent être appliqués aux patientes et surtout avec quelle dose d'acide rétinoïque ou de vitamine A.
Source: International Journal of Oncology March 21, 2014 DOI: 10.3892/ijo.2014.2354, 2014 All trans-retinoic acid (ATRA) induces re-differentiation of early transformed breast epithelial cells (Visuel@ NHGRI, vignette NIH)
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