Cette nouvelle analyse de données épidémiologiques mondiales sur l’association entre l’hormonothérapie (ou Thérapie hormonale de substitution -THS) présentée dans le Lancet ne laisse plus aucun doute : ainsi, chez les femmes de poids moyen de pays occidentaux, une hormonothérapie de la ménopause suivie à partir de 50 ans et durant 5 ans augmente l'incidence du cancer du sein d'environ un cas supplémentaire sur 50. Et ce risque accru de cancer du sein peut persister pendant de nombreuses années.
Les femmes ont tendance à commencer une THS au moment de la ménopause, lorsque la fonction ovarienne diminue puis cesse, ce qui entraîne une chute substantielle des taux d'œstrogènes, une baisse du taux de progestérone proche de zéro, et chez certaines femmes des symptômes handicapants comme des bouffées de chaleur et un inconfort. Dans les pays occidentaux, l’usage de THs a augmenté rapidement au cours des années 90, puis a diminué de moitié brusquement au début des années 2000, puis s’est stabilisé au cours des années 2010. À l'heure actuelle, environ 12 millions de femmes suivent une THS dans les pays occidentaux, dont 6 millions en Europe.
Une augmentation du risque confirmée et qui perdure durant des années
De toutes nouvelles données sur l’association THS et cancer du sein : une précédente méta-analyse de données mondiales avait déjà conclu à ce risque accru de cancer du sein avec la THS, mais les effets des différents types de THS restaient discutés. Cette collaboration internationale, menée à l’Université d’Oxford apporte aujourd’hui de toutes nouvelles données.
En synthèse :
- chez les femmes de poids moyen, une THS à partir de 50 ans sur 5 ans, selon qu’il s’agisse d'œstrogènes + progestatif quotidiens ou d'œstrogènes seulement augmenterait l'incidence du cancer du sein de 50 à 69 ans d'environ un cas supplémentaire respectivement sur 50 et 200 utilisatrices de THS ;
- une fois la thérapie arrêtée, le risque accru persisterait pendant plus de 10 ans ;
- le niveau de risque serait dose-dépendant de la durée de la THS.
Un risque plus élevé avec un traitement hormonal œstroprogestatif : précisément, cette équipe internationale a analysé les données de 108 647 femmes atteintes de cancer du sein à partir de 58 études épidémiologiques réalisées dans le monde. Les chercheurs ont pris en compte Ils ont examiné le type de THS utilisé en dernier, la durée d'utilisation et le temps écoulé depuis la dernière utilisation chez ces femmes. L’analyse conclut que :
- l’utilisation d’une THS est associée à un risque accru de cancer du sein et que ce risque accru persiste plus de dix ans après la fin de la thérapie.
- L’étude a bien pris en compte tous les types de THM, à l'exception des œstrogènes vaginaux topiques et conclut donc à ce risque accru de cancer du sein quelle que soit le type de THS.
- Cependant, ce risque apparaît plus élevé en cas de traitement hormonal œstroprogestatif et, en particulier lorsque la progestatif est inclus quotidiennement (plutôt que par intermittence).
Quelques repères sur l’utilisation de la THS : Parmi les femmes ayant développé un cancer du sein dans les études prospectives, la moitié avait utilisé une THS. L'âge moyen à la ménopause était de 50 ans et l'âge moyen de début de la THS, également 50 ans. La durée moyenne d'utilisation de la THS est de 10 ans chez les utilisatrices actuelles, de 7 ans chez les utilisatrices passées.
Quelques repères sur l’association THS et cancer du sein : chez les femmes de poids moyen des pays occidentaux qui n’ont jamais utilisé de THS, le risque moyen de développer un cancer du sein, de 50 à 69 ans est d’environ 6,3 pour 1.000 femmes. Chez les femmes qui utilisent une THS à partir de 50 ans et durant 5 années ou plus, le risque de cancer du sein de 50 à 69 ans s’élève à 6,8 à 8,3 pour 1.000 femmes. L'augmentation du risque de cancer du sein serait environ 2 fois plus élevée chez les femmes qui suivent la THS pendant 10 ans vs 5 ans.
L’auteur principal, le Dr Gillian Reeves précise néanmoins : « L’utilisation d’une THS ménopausique pendant 10 ans multiple par 2 environ l’augmentation du risque de cancer du sein vs une THS de 5 ans. Cependant, le risque reste faible en valeur absolue. L'utilisation d'un traitement hormonal ménopausique pendant moins d'un an, ou l'utilisation topique d'œstrogènes vaginaux doit être réfléchie ».
« Les médecins doivent adopter une approche rationnelle et globale de la gestion des symptômes de la ménopause, en prenant en compte le rapport bénéfice-risque de la THS pour chaque patiente ».
Source: The Lancet August 29, 2019 DOI : 10.1016/S0140-6736(19)31709-X Type and timing of menopausal hormone therapy and breast cancer risk: individual participant meta-analysis of the worldwide epidemiological evidence
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