Cette équipe de l’Université d'Okayama contribue à expliquer un mécanisme souvent suggéré mais qui reste mal compris : une immunité antitumorale dépendante de la metformine. L’étude, publiée dans le Journal for ImmunoTherapy of Cancer, révèle que l’antidiabétique metformine -utilisé dans le traitement du diabète de type 2-, induit l'activation et la prolifération des lymphocytes T CD8+ ciblant les tumeurs. Ces données sensibilisent à la possibilité d'utiliser la metformine comme médicament de soutien de l'immunité antitumorale chez les patients atteints de cancer.
Les traitements du cancer ont considérablement progressé et, comme pour certaines infections virales, les scientifiques espèrent trouver un jour, un traitement universel, efficace contre toutes les mutations et combinaisons de cancer affectant des millions de personnes dans le monde. Des études récentes justement, ont suggéré que certains médicaments comme l’antidiabétique metformine présentent des effets anticancéreux. L'utilisation de la metformine semble renforcer l'immunité antitumorale. Cependant, les mécanismes immunologiques sous-jacents restaient toujours mal compris.
La metformine stimule les lymphocytes T infiltrants CD8+
L’équipe japonaise s’est donc penchée sur la question et a examiné comment un sous-ensemble spécifique de cellules immunitaires, appelées lymphocytes T infiltrants CD8+ (CD8TIL), qui attaquent spécifiquement les cellules tumorales, se comportent en réponse à la metformine. L’équipe a mené toute une série d'expériences (in vitro) sur des lignées cellulaires cancéreuses et (in vivo) sur des souris génétiquement « assommées » pour d'éventuelles biomolécules qui entraînent une immunité antitumorale dépendante de la metformine. Ces expériences montrent que :
- la metformine provoque la génération d'espèces réactives de l'oxygène dans les mitochondries des CD8TILs et augmente la glycolyse ;
- ces espèces réactives de l’oxygène, mtROS activent les voies de croissance dans CD8TIL, permettant ainsi la prolifération de ces cellules immunitaires ;
- ce mécanisme est favorisé par un facteur de transcription impliqué dans la réponse anti-oxydante au stress, appelé Nrf ;
- la metformine ne provoque aucun effet antitumoral par « suicide cellulaire » ou par apoptose ;
- en revanche, la metformine provoque également la sécrétion robuste de l'interféron-ɣ par CD8TIL qui modifie le microenvironnement tumoral de manière à favoriser la mort des cellules tumorales.
L’auteur principal, le professeur Udono espère que la compréhension des mécanismes par lesquels l’antidiabétique va inspirer de nouveaux traitements. Ces données, conclut l’auteur, suggèrent déjà fortement la possibilité d'utiliser la metformine comme médicament pour renforcer l'immunité antitumorale chez les patients atteints de cancer.
Source: Journal for ImmunoTherapy of Cancer 16-Sep-2021 DOI:10.1136/jitc-2021-002954 Mitochondrial reactive oxygen species trigger metformin-dependent
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