L’identification de cette protéine et de son rôle clé dans le cancer de la prostate ouvre un novel horizon thérapeutique pour ce cancer qui touche un homme sur 8 avant l’âge de 75 ans. En neutralisant la croissance des tumeurs de la prostate via 2 mécanismes distincts, la protéine CRYM laisse entrevoir l’espoir de toutes nouvelles formes de traitement. C’est la démonstration de cette équipe internationale, dans l’International Journal of Cancer (IJC) qui conclut que plus les niveaux de la protéine sont élevés, meilleur est le pronostic.
Le cancer de la prostate est causé par des taux d'hormones élevés et les tumeurs sont généralement traitées par hormonothérapie. Cependant, après un certain temps, la croissance tumorale ne dépend plus des hormones et la tumeur développe une résistance au traitement. Ainsi, si l’hormonothérapie est l'une des stratégies de traitement de base, elle n'est efficace que pendant un certain temps. On sait depuis un certain temps que l'hormone thyroïdienne T3 pourrait jouer un rôle dans le développement des tumeurs de la prostate, mais jusqu'à ce jour les processus sous-jacents sont restés incompris. Lorsque l’hormonothérapie « s’essouffle », il est temps de passer à d’autres traitements, et c’est là que pourrait intervenir la protéine CRYM. L’équipe de recherche composée de chercheurs de l’Université de Vienne, de Nottingham et de Brno (République tchèque) montre en effet que la protéine joue un rôle important dans la croissance tumorale.
Le double effet CRYM contre le cancer
Ces conclusions sont issues de l'analyse génétique de nombreux échantillons de tissus de patients atteints d’un cancer de la prostate. Cette analyse révèle que plus les niveaux de cette protéine sont élevés, meilleur est le pronostic.
L’équipe découvre que la protéine CRYM se lie à l'hormone T3 pour inhiber la croissance tumorale.
- CRYM est un régulateur clé du métabolisme de l’hormone T3 et s’avère également étroitement liée au métabolisme des androgènes. Et plus la maladie est avancée et plus les niveaux de CRYM trouvés dans le tissu tumoral sont faibles et ces faibles taux sont associés à un mauvais pronostic.
- CRYM bloque également l'absorption de la choline par les cellules, un élément essentiel de la formation des membranes cellulaires. Comme les tumeurs sont caractérisées par une division cellulaire rapide et ont donc besoin de beaucoup de nouvelles membranes cellulaires, CRYM ralentit aussi la croissance tumorale en ralentissant la formation de ces membranes cellulaires.
CRYM est donc à la base d’un mécanisme antitumoral, ce qui ouvre de nouvelles options thérapeutique : l'activation de CRYM pourrait être utilisée comme un moyen de bloquer la croissance tumorale.
Source: International Journal of Cancer (IJC) 9 October 2020 DOI : 10.1002/ijc.33332 Thyroid and androgen receptor signaling are antagonized by μ‐Crystallin in prostate cancer
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