Cette étude d’une équipe du Children’s National Hospital, Washington montre que les tumeurs cérébrales peuvent être ensemencées à partir d'un site distant. Ainsi, les cellules de glioblastome semblent provenir d'un pool de cellules souches, situé au départ dans la zone sous-ventriculaire (SVZ) à distance significative de la tumeur résultante. Ce constat, documenté dans la revue Nature Communications, ouvre 2 opportunités, traiter ce site distant pour empêcher l’ensemencement des cellules précurseurs de tumeur ou cibler la voie biologique qui favorise leur propagation.
Le glioblastome est un type agressif de cancer du cerveau, qui « en dépit de décennies de recherche, reste la tumeur cérébrale primaire la plus courante et la plus mortelle chez les adultes, avec une survie médiane de seulement 15 mois à compter du diagnostic », rappelle l’auteur principal, le Dr Yuan Zhu, du Children's National : « Contrairement à de nombreux cancers, qui commencent comme des tumeurs de bas grade plus faciles à traiter en cas de détection précoce, les glioblastomes sont presque toujours diagnostiqués à haut grade et difficiles à traiter quel que soit la technique, chirurgie, radiothérapie ou chimiothérapie. Cependant ces travaux, menés sur la souris modèle de tumeur cérébrale, laissent espérer de nouveaux traitements, qui vont cibler cette niche distante de cellules souches voire même une zone de surveillance « intermédiaire » pour empêcher le glioblastome de se développer.
«Une fois que le patient présente des symptômes neurologiques, la tumeur est déjà de haut grade et sa progression est très rapide »
La zone sous-ventriculaire (SVZ) est ici identifiée comme le site distant qui sert de réservoir de cellules souches avec les mutations cancérigènes qui sont retrouvées dans les tumeurs localisées dans d'autres régions souvent éloignées du cerveau. Ce constat est réalisé sur des souris génétiquement transformées pour présenter une mutation dans un gène connu sous le nom de p53 qui supprime généralement les tumeurs. Les mutations de p53 vont donc favoriser le développement du glioblastome et de nombreuses autres formes de cancer. Surveillés par scintigraphies cérébrales hebdomadaires, la majorité de ces animaux ont développé des tumeurs de haut grade dans plusieurs zones cérébrales éloignées. Les scientifiques sont parvenus à retracer les cellules qui ont stimulé les tumeurs jusqu'à la SVZ. Qu’elles soient simples ou multiples, les tumeurs présentent des mutations acquises spontanément dans un gène appelé Pten, un autre type de suppresseur de tumeur.
Une même mutation dans les cellules précurseurs de tumeurs et les cellules tumorales distantes, suggère que la SVZ est bien, au moins pour les tumeurs simples, la zone source du cancer. Lorsque les chercheurs bloquent la voie Pten, la formation des cellules cancéreuses mais ces cellules malignes restent dans la SVZ et ne se propagent donc plus vers des sites distants. Pris ensemble, ces résultats ont plusieurs implications :
- D’abord, ils contribuent à expliquer pourquoi le glioblastome est si difficile à identifier et à traiter dès le développement des lésions précurseurs ;
- se concentrer sur cette niche de cellules souches précurseurs de tumeur(s) apparaît comme une nouvelle option thérapeutique prometteuse ;
- enfin, réduire au silence la voie de suppression de Pten par le biais de médicaments, -une stratégie actuellement explorée dans divers essais cliniques- apparaît aussi une piste prometteuse. Bien que ces agents n'aient pas encore montré qu'ils peuvent arrêter ou inverser les glioblastomes, ils pourraient être utilisés pour contenir des cancers dans la SVZ.
Donc plusieurs pistes et plusieurs espoirs pour les patients qui ont actuellement peu d'options efficaces.
Source : Nature Communications 22 July, 2020 Murine models of IDH-wild-type glioblastoma exhibit spatial segregation of tumor initiation and manifestation during evolution
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