Cette étude du VIB (Flanders Institute for Biotechnology) révèle un lien surprenant entre la cicatrisation des plaies et le risque de cancer : une molécule clé qui contribue à ralentir le processus de cicatrisation des plaies et à repousser la formation de tumeurs aux sites de plaies antérieures. La découverte de cette protéine, HMGB1, ouvre une nouvelle voie pour accélérer le processus de cicatrisation, en particulier des plaies chroniques, et pour bloquer la formation de tumeurs sur le site de la plaie.
Lorsque notre peau est lésée, toute une série de processus biologiques se met en œuvre pour fermer la plaie. L’équipe du VIB identifie une molécule clé, impliquée dans ce processus, HMGB1, qui ralentit la cicatrisation des plaies mais favorise la formation de tumeurs. Les chercheurs montrent que HMGB1 contrôle l’action de cellules immunitaires, les neutrophiles, dans les plaies cutanées. Le ciblage de cette voie pourrait être bénéfique dans le traitement de certaines plaies chroniques, dont les plaies diabétiques.
Cibler HMGB1 pour accélérer la cicatrisation des plaies chroniques
Plaies et tumeur : une lésion cutanée ou tissulaire peut initier un mécanisme de réparation complexe qui vise à régénérer le plus rapidement possible le tissu lésé. Une grande quantité de données cliniques montre qu'une inflammation chronique ou une lésion peuvent ainsi prédisposer les tissus à la formation de tumeurs. Cependant, les mécanismes moléculaires qui font le lien entre la cicatrisation et le cancer restent mal compris. On sait néanmoins que les premières cellules immunitaires qui pénètrent dans la peau après une blessure sont les neutrophiles, des cellules immunitaires à vie courte qui forment des structures spécialisées appelées NET (pièges extracellulaires de neutrophiles) dans les plaies cutanées.
Le rôle central de la molécule HMGB1 : HMGB1 est une molécule sécrétée par un tissu endommagé qui active le système immunitaire. L’auteur principal, le Dr Esther Hoste et son équipe ont voulu mieux comprendre son rôle dans la cicatrisation et l'initiation des tumeurs cutanées. Les scientifiques ont supprimé génétiquement HMGB1 de cellules de la peau chez la souris. Ils constatent alors que les plaies cicatrisent plus vite et que ces sites cutanés sont ensuite totalement protégés contre la formation de tumeurs induites par la plaie. Ces souris aux cellules épithéliales cutanées privées de HMGB1 présentent une réduction du nombre de neutrophiles et de « NET » dans les plaies cutanées.
Un mécanisme détourné pour initier le cancer : La secrétion de HMGB1 est « une bonne chose » dans les cas de plaies mineures car HMGB1 alerte le système immunitaire. En cas de plaies chroniques, cette action déclenche l’inflammation chronique et favorise la formation de tumeurs au site de la plaie. Bref, un mécanisme au départ bénéfique qui, finalement, peut être détourné pour initier un cancer. Alors, les NETs de la plaie préparent en effet le site au développement de la tumeur. Un phénomène déjà documenté chez les patjents atteints d’épidermolyse bulleuse kystique récessive. Ces patients subissent des cycles répétitifs plaie/ cicatrisation et présentent un risque élevé de développer un cancer de la peau.
Ainsi, des thérapies centrées sur HMGB1 pourraient accélérer la cicatrisation des plaies : Interférer avec cette seule molécule pourrait relancer le processus de cicatrisation, concluent les chercheurs, tout en éliminant le risque de tumeur : « Nous souhaitons maintenant déterminer si cette voie moléculaire peut affecter également d'autres tissus dont le traumatisme peut donner lieu à formation de tumeurs. Nous travaillons actuellement sur de nouveaux moyens permettant d’inhiber cette voie, afin de pouvoir transposer ces nouvelles connaissances en pratique clinique ».
Source: Cell Reports Nov, 2019 DOI 10.1016/j.celrep.2019.10.104 Epithelial HMGB1 delays skin wound healing and drives tumor initiation by priming neutrophils for NET formation (In Press)
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