Ce n’est pas la première fois que la psilocybine, le principe actif et hallucinogène de certains champignons est envisagé pour soulager la dépression. Cette étude du NYU Langone Medical Center (New York) récidive en suggérant l’efficacité d’une seule dose à soulager l'anxiété et la dépression chez les patients atteints d'un cancer avancé. Les résultats de cet essai clinique présentés dans le Journal of Psychopharmacology et soutenus par plusieurs experts en psychiatrie, en toxicomanie et en soins palliatifs, suggèrent d’autoriser à nouveau, sous des conditions de délivrance strictes cette substance interdite par les autorités.
L'étude montre qu'un traitement ponctuel par psilocybine soulage extrêmement rapidement mais pour une période durable (estimée à 6 mois) la détresse chez 80% des 29 participants, atteints de cancer avancé : « Nos résultats présentent la preuve la plus solide d'un bénéfice clinique de la thérapie par psilocybine, avec l'opportunité d'alléger les soins chez les patients atteints de détresse psychologique liée au cancer », résume le Dr Stephen Ross, directeur des services de toxicomanie au Département Psychiatrie du NYU Langone.
Dans cet essai, les 29 participants, en majorité des femmes âgées de 22 à 75 ans atteintes de cancer, diagnostiquées avec troubles de l'anxiété sévères, ont été répartis au hasard pour recevoir soit une dose de 0,3 milligrammes par kilogramme de psilocybine soit un placebo de vitamine (250 milligrammes de niacine) connue pour produire un effet proche de l'expérience de drogue hallucinogène. Tous les participants ont également reçu des conseils personnalisés d'un psychiatre, d'un psychologue, d'une infirmière ou d'un travailleur social et ont été surveillés pour les effets secondaires et l'évolution de leur santé mentale. A 7 semaines, tous les participants ont permuté le traitement : ceux qui avaient reçu la psilocybine ont reçu une dose de placebo, et l'inverse. L'essai était mené en double aveugle, ni les patients ni les chercheurs ne savaient qui avait reçu la psilocybine ou le placebo.
· L'une des principales constatations est l'amélioration significative des scores d'évaluation clinique de l'anxiété et de la dépression, avec la psilocybine.
· Ensuite, cet effet positif perdure jusqu'à 8 mois après la prise de psilocybine.
· Les patients signalent également des améliorations dans leur qualité de vie : ils sortent plus, ont plus d'énergie et de meilleures relations avec les membres de leur famille et/ou leurs contacts professionnels. Plusieurs rapportent également une vie spirituelle plus intense, une tranquillité inhabituelle et des sentiments accrus d'altruisme.
Ø Au-delà du soulagement de l'anxiété, la psilocybine semble faciliter les expériences de la vie qui concourent elles-mêmes à réduire la détresse psychologique.
« Et si c'est vrai pour le cancer, alors cela pourrait très probablement s'appliquer à d'autres conditions médicales stressantes », concluent les auteurs. Il n'est évidemment pas question de prendre de la psilocybine seul ou sans surveillance médicale.
Une option thérapeutique à creuser : il reste, certes à mener desessais cliniques de plus grande envergure mais si ces résultats étaient confirmés, les cliniciens pourraient disposer d'un médicament sûr, efficace et peu coûteux, dispensé sous contrôle strict, pour soulager la détresse et réduire les taux de suicide chez les patients atteints de cancer avancé. La psilocybine a été étudiée pendant des décennies et présente, sous condition d'observance stricte, d'un profil de sécurité établi. Ici, les participants n'ont éprouvé aucun effet secondaire sévère (hospitalisation ou problèmes graves de santé mentale). L'effet neurologique de la psilocybine n'est pas complètement compris, mais on sait que la substance active les zones du cerveau impliquées dans la signalisation chimique de la sérotonine, qui régule l'humeur et l'anxiété. On sait aussi que les déséquilibres de cette voie sont liés à la dépression.
December 2016 doi: 10.1177/0269881116675512 Rapid and sustained symptom reduction following psilocybin treatment for anxiety and depression in patients with life-threatening cancer: a randomized controlled trial (Visuel@NYU Langone Medical Center)
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