Un test sanguin de routine pour prédire la durée de survie des patients atteints de cancer vient d’être présenté au congrès de l'ESMO Asie 2016. Un test précieux pour les patients en soins palliatifs, qui sont en droit d’obtenir des informations pronostiques honnêtes et exactes, expliquent les chercheurs de l'hôpital universitaire de Kyoto au Japon. Une information qui devra être partagée avec sensibilité et de manière à préserver l'espoir…
Les patients atteints de cancer avancé et leurs familles doivent prendre des décisions thérapeutiques éclairées, dont l'arrêt de la chimiothérapie palliative et parfois de fin de vie. La poursuite d'une thérapie inefficace augmente les effets indésirables qui mettent la vie encore plus en danger, réduit la qualité de vie, retarde l'orientation des soins palliatifs et peut finalement priver les patients de leur choix de fin de vie, en particulier à domicile. Dans ces cas avancés, l'évaluation de la survie va permettre donc de déterminer la poursuite ou non du traitement pharmacologique : une chimiothérapie cytotoxique sera rarement prescrite chez un patient peu susceptible de survivre au-delà de plusieurs semaines en raison de ses effets secondaires. On utilisera alors le sédatif midazolam pour soulager les symptômes au cours des soins palliatifs, mais avec une contrainte, le développement d'une tolérance du patient lorsque le sédatif est administré durant plus de 2 semaines. Ainsi, le midazolam chronique ne peut être prescrit qu'aux patients susceptibles de ne vivre que quelques semaines mais est contre-indiqué en cas de survie supérieure à un mois. On comprend donc l'importance à ce stade, de pouvoir préciser le pronostic.
La prévision du pronostic est basée sur des conditions subjectives telles que la dyspnée et le délire qui peuvent être évaluées différemment par les cliniciens. A l'hôpital universitaire de Kyoto, 6 modèles de pronostic utilisent 3 mesures de laboratoire (albumine, neutrophiles, lactate déshydrogénase) par test sanguin ont été développés, à partir des données de 5.000 patients atteints de cancer. Ces modèles sont conçus pour être utilisés à n'importe quel moment après initiation du traitement et donc pour permettre de suivre l'évolution de l'état du patient. Les 6 modèles permettent de donner le pronostic de survie entre 1 à 6 mois.
Une prédiction était exacte dans 75-80% des cas : l'étude présentée à l'ESMO Asie a testé la valeur prédictive des 6 modèles chez 1.015 patients cancéreux recevant des soins palliatifs : 385 patients en service de soins palliatifs à l'hôpital, 464 en unités de soins palliatifs et 166 en soins palliatifs à domicile. Les chercheurs ont évalué ainsi l'efficacité des modèles et montrent leur capacité entre 75 et 80% à prédire le décès dans les 1-3 mois. Concrètement, cela signifie que la prédiction était exacte dans 75-80% des cas.
Face aux progrès et à la personnalisation des thérapies anti-cancer qui impliquent que les patients peuvent recevoir de multiples chimiothérapies ou immunothérapies ciblées, ce mode de pronostic par simple test sanguin revêt un intérêt, croissant : connaître le pronostic du patient facilite la prise de décision concernant les compromis, non seulement pour la thérapie anticancéreuse, mais pour les traitements palliatifs. Il reste, et c'est un point crucial, à mener des recherches sur les implications éthiques et psychologiques.
17-Dec-2016 Routine blood test predicts how long cancer patients will survive
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