Est-il fréquemment diagnostiqué à tort comme une infection sexuellement transmissible ? Parler de son pénis avec le médecin est-il toujours tabou ? Le tabagisme ou une mauvaise hygiène sont-ils en cause ? Toujours est-il que ce bilan britannique –qui peut sans doute être généralisé à l’Europe- fait état d’une augmentation importante de l’incidence du cancer du pénis, soit + 20% en 40 ans. De nouvelles données publiées dans la revue Cancer Causes and Control qui appellent à des stratégies d’éducation et de prévention, sur les facteurs de risques et l’importance d’aller consulter, pour mieux détecter.
Une grosseur sur le pénis, n'est pas forcément tumorale, mais doit être signalée au médecin, rappellent les auteurs qui évoquent les autres possibilités, un gonflement de lymphe inoffensif appelé lymphocèle ou une infection sexuellement transmissible (IST). Un cancer du pénis est, le plus souvent, associé à un manque d'hygiène, aggravé par l'existence d'un phimosis ou lié à une maladie dermatologique du gland ou du prépuce pouvant déclencher un cancer, ou encore associé au virus du papillome humain (HPV-visuel ci-contre).
Les chercheurs de l'University College Hospital, de la Queen Mary University, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont évalué les taux d'incidence du cancer du pénis en Angleterre de 1979 à 2009 et de survie de 1971 à 2010 à partir des registres britanniques du cancer et des décès.
Ils ont calculé :
• Les taux d'incidence de 1979 à 2009 normalisés selon l'âge,
• Les taux de prévalence,
• les taux de mortalité (nombre de décès par cancer du pénis chaque année de 1979 à 2009),
• et les taux de survie à 1 an et 5 ans après le diagnostic.
Au total, 9.690 hommes ont reçu un diagnostic de cancer sur la période 1979- 2009.
– Cela représente une progression de 20% du taux d'incidence normalisé selon l'âge, de 1,10 à 1,33 par 100.000 hommes et par an, de 1979 à 2009, la majeure partie de la progression étant intervenue depuis 2000.
– Sur ces 10 dernières années, la prévalence du cancer du pénis est estimée à 7,6 par 100.000 hommes Les taux de mortalité normalisés selon l'âge chutent de 19 % au cours de la période de 31 ans étudiée, de 0,38 à 0,31 par 100.000 hommes.
– La survie à 1 an augmente de 76,2 % à 87,1%, à 5 ans de 61,4 % à 70,2 %. Elle dépasse respectivement 90 et 75 % pour les hommes diagnostiqués avant l'âge de 60 ans.
En conclusion l'incidence augmente mais la mortalité diminue tout autant. Des résultats qui suggèrent l'importance de détecter ce cancer, une détection précoce pouvant optimiser les chances de réussite du traitement. Une éducation en santé publique sur les risques de maladies sexuellement transmissibles, le tabagisme et l'hygiène génitale s'avère donc essentielle pour retourner cette tendance à la progression de ce type de cancer.
Source: Cancer Causes and Control DOI10.1007/s10552-013-0293-y Long-term trends in incidence, survival and mortality of primary penile cancer in England (Visuel HPV@ Laboratory of Tumor Virus Biology, NIH's National Cancer Institute).