Un souffle maintenant et un souffle après le traitement ? Le concept du test de l'haleine pour détecter certaines maladies, par analyse des composés organiques volatils (COV) de l'air expiré franchit une étape avec les résultats de cette étude de l'Université du Colorado présentés à la 50e réunion annuelle de l'American Society for Clinical Oncology (ASCO). Le candidat test permet ici non seulement distinguer les patients atteints de cancer du poumon des patients atteints de BPCO, mais démontre sa capacité à préciser aussi le stade de la maladie et la réponse au traitement.
Des tests d'haleine ont en effet déjà « fait leurs preuves », au niveau expérimental, pour détecter les cancers, on se souvient de cette étude sur un nez électronique permettant de détecter le cancer du poumon, mais aussi du « Na-Nose » capable de détecter des changements chimiques microscopiques émis par le souffle de patients atteints de tumeurs de la tête et du cou, de ce test chinois, précis à 90% pour détecter le cancer de l'estomac et des autres pistes pour détecter d'autres pathologies, comme le diabète. Mais, la difficulté pour les chercheurs est ensuite de passer à l'application clinique.
Evidemment la mise en application clinique d'un tel test pourrait révolutionner le dépistage du cancer du poumon et son diagnostic. Le Pr Fred R. Hirsch, professeur d'oncologie médicale et chercheur au Cancer Center de l'Université du Colorado, rappelle que le métabolisme des patients atteints de cancer du poumon est différent du métabolisme de personnes en bonne santé mais aussi de patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). C'est sur ces différences que repose son test, un dispositif qui nécessite de gonfler un ballon fixé à une sonde de nanoparticules d'or extrêmement sensibles. Ces particules vont permettre l'analyse des composés organiques volatils (COV) de l'air expiré.
Alors que de nombreuses études ont montré que le dépistage du cancer du poumon par scanner (tomodensitométrie) peut permettre de réduire le taux de mortalité de 20%, la mise au point d'un tel test de biomarqueurs d'haleine est donc un enjeu important. D'autant qu'ici le dispositif est présenté comme capable de « diagnostiquer » par la mesure de changements infimes dans les niveaux de COV et de surveiller aussi la réponse du patient aux traitements.
Un souffle maintenant et un souffle après le traitement pourraient ainsi suffire à définir si un patient doit poursuivre ou non un traitement ou passer à d'autres options.
Les auteurs précisent que les prochaines générations de ce test pourraient aider les médecins à définir les sous-types de cancer et de pouvoir préciser ainsi les combinaisons thérapeutiques les plus efficaces.
Souffler dans un ballon et connaître son risque de développer un cancer du poumon, c'est a priori pour bientôt.
Source: ASCO One step closer to a breath test for lung cancer (Visuel© Firenight – Fotolia.com)
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