Ces chercheurs de l’Université de York reviennent sur les risques pour la santé liés à la fumée tertiaire du tabac en mettant ici en évidence un risque accru de cancer chez les non-fumeurs et en particulier les jeunes enfants lié aux particules de la fumée déposées sur des surfaces du domicile. L’étude, présentée dans la revue Environment International vient contribuer aux données peu nombreuses sur les effets sur la santé de cette exposition tertiaire, non pris en compte dans les politiques publiques.
L'étude évalue pour la première fois, le risque potentiel de cancer selon le groupe d'âge par ingestion non alimentaire et l'exposition cutanée à la fumée de troisième main. Les scientifiques ont prélevé des échantillons de poussières de maisons occupées par des fumeurs et des non-fumeurs. À partir de l'analyse de la poussière, et des concentrations de nitrosamines spécifiques du tabac (NAST), des substances classées comme cancérigènes, les chercheurs ont pu, pour la première fois, estimer le risque de cancer.
La présence de composés cancérogènes dans la poussière : L'étude montre également pour la première fois la présence généralisée de composés cancérogènes issus du tabac dans la poussière de la maison, même dans des environnements aérés.
Les résultats indiquent des conséquences potentiellement graves à long terme, en particulier pour les enfants. Ainsi, chez les enfants âgés de 1 à 6 ans, l'estimation du risque de cancer lié à l'exposition tertiaire dépasse la limite recommandée par l'Agence américaine, l'US Environmental Protection Agency (EPA) dans les trois quarts des maisons des fumeurs mais aussi les 2 tiers des maisons de non-fumeurs. Ce risque estimé correspond, au maximum, à 1 cas de cancer supplémentaire/1.000 personnes exposées.
Un risque à ne plus passer sous silence: Le Dr Jacqueline Hamilton, des laboratoires de York, auteur principal de l'étude, précise : «Les risques de l'exposition au tabac ne s'arrêtent pas quand une cigarette est éteinte. Les enfants sont également exposés au risque par contact avec les surfaces contaminées par la poussière du tabac et les particules gazeuses résiduelles ».
Chaque année, le tabagisme passif entraine dans le monde plus de 600.000 décès. Au-delà, alors que plus de 40% des enfants ont au moins un parent fumeur ce risque cancérigène tertiaire doit également être pris en compte. Car les concentrations de composés cancérigènes trouvés y compris dans les foyers « sans fumée » suggèrent une persistance durant de longues périodes.