On connaît son extraordinaire longévité, mais aussi sa résistance au cancer : cette équipe de l’Université de Liverpool revient sur les processus cellulaires qui contribuent à la résistance du rat-taupe. Alors que l’incidence du cancer est comparable chez l’animal et chez les humains, que les taux de mortalité associés sont similaires voire supérieurs chez l'animal, ces travaux, présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) suggèrent que les rats-taupes sont capables d'inhiber les processus métaboliques des cellules sénescentes, qui deviennent ainsi moins pathogènes. La compréhension de ce mécanisme ouvre une nouvelle voie pour lutter contre le développement des cancers.
Car le cancer se développe lorsqu'une cellule anormale échappe à tout contrôle. Habituellement, les cellules endommagées ou défectueuses sont détruites, mais dans le cas du cancer, elles continuent à proliférer ce qui entraîne la formation d’une tumeur. De plus, plus un organisme a de cellules et plus il vit longtemps, plus le risque de mutation cellulaire est élevé.
Un mécanisme de défense naturel : le rat-taupe nu est un rongeur exceptionnellement résistant au cancer, cependant en dépit de plusieurs dizaines d’années d'observation, les chercheurs n’ont pu observer que très peu de développements de tumeurs chez l’animal. Alors ici, les chercheurs de Liverpool sont partis du mécanisme de sénescence cellulaire qui empêche les cellules endommagées de se diviser et de devenir cancéreuses. Cependant, en arrêtant la division cellulaire -et en prévenant ainsi le développement de tumeurs- ces cellules sénescentes peuvent accélérer le vieillissement. Ce n’est pourtant pas le cas chez le rat-taupe.
La sénescence, un processus anti-cancer, mais pro-vieillissement : par ailleurs, de multiples études ont montré qu’éliminer les cellules sénescentes de souris par exemple et à l'âge avancé, entraînait un effet anti-vieillissement. En somme le même processus de sénescence empêche les cellules anormales de se diviser et a donc un effet anti-cancer mais en même temps favorise le vieillissement. Pourtant les rats-taupes connaissent la sénescence cellulaire, mais continuent à vivre une vie saine et longue.
Une sénescence cellulaire similaire à celle de souris « ordinaires » mais des cellules sénescentes à caractéristiques uniques : ces caractéristiques contribuent à expliquer la résistance des rats-taupes au cancer ainsi que leur longévité. Grâce à ces propriétés spécifiques, les rats-taupes sont capables d'inhiber les processus métaboliques de ces cellules sénescentes, ce qui produit des cellules sénescentes moins pathogènes.
Bref, ses cellules sont plus résistantes aux dommages à l'ADN, les rats-taupes sont mieux en mesure de protéger leur génome, ce qui optimise leur longévité et leur résistance au cancer.
Source: PNAS February 5, 2018 DOI: 10.1073/pnas.1721160115 Naked mole rats can undergo developmental, oncogene-induced and DNA damage-induced cellular senescence
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