Ces cancérologues de la Weill Cornell Medicine (New York) décrivent ici, dans le JAMA Oncology, une nouvelle technique de collecte d'échantillons de biopsie de la prostate, qui permet de réduire le risque d'infection par rapport aux approches traditionnelles. La technique, documentée dans le JAMA Oncology, permet aux médecins, sous anesthésie locale, de contourner la voie traditionnelle et plus sujette aux infections.
Les biopsies de la prostate sont un outil essentiel pour détecter le cancer de la prostate, et environ 3 millions de personnes dans le monde subissent cette procédure chaque année. 90 % de ces biopsies sont réalisées via une procédure transrectale. Pourtant, des études ont révélé que 5 à 7 % des patients développent des infections après la biopsie et que 1 à 3 % nécessitent une hospitalisation pour ces complications post-biopsie. Pour prévenir les infections, les médecins prescrivent généralement un cours prophylactique d’antibiotiques avant la procédure.
Appelée biopsie transpérinéale de la prostate, la nouvelle méthode consiste à collecter l’échantillon de tissu prostatique à l'aide d'une aiguille à travers la peau du périnée, la zone située entre le rectum et le scrotum. La technique permet de réduire considérablement le risque d’infections lié à la méthode standard qui consiste à collecter le tissu de biopsie de la prostate à l'aide d'une aiguille à travers le rectum.
L’étude, l’essai clinique PREClude infection EVENts with No prophylaxis Transperineal (PREVENT), soutenu par le National Cancer Institute a été mené sur plusieurs sites- dont le NewYork-Presbyterian/Weill Cornell Medical Center. L’analyse révèle :
- l’absence totale d’infection parmi les 382 hommes ayant subi la procédure transpérinéale ;
- 6 infections ont été recensées chez les 370 participants ayant subi la procédure traditionnelle de biopsie transrectale, ce qui représente un taux ou un risque de 1,6 % ;
- ce taux d'infection extrêmement faible cependant, chez les « témoins » ayant reçu la biopsie standard a été permis par un traitement antibiotique préalable visant à réduire ce risque d'infection, les participants ayant subi la méthode transpérinéale n'ayant pas reçu d’antibiotique.
« La biopsie transpérinéale devrait être la nouvelle norme de soins pour la biopsie de la prostate »,
conclut l’auteur principal, le Dr Jim Hu, professeur d’oncologie urologique au Weill Cornell. «La nouvelle méthode s’avère aussi efficace que la biopsie transrectale traditionnelle pour détecter le cancer, mais sans risque d’infection ni besoin d’antibiotiques ».
L’approche antibiotiques prophylactiques devrait être mieux personnalisée, suggère également l’étude. C’est ce qui a été adopté dans cette étude : plutôt que de donner aux hommes un antibiotique à large spectre ou plusieurs antibiotiques, les chercheurs ont fait correspondre les antibiotiques aux cultures obtenues à partir du rectum du patient lors d’examens de la prostate avant la procédure. Cette approche ciblée a considérablement réduit le taux d’infection chez les patients soumis à la procédure transrectale traditionnelle.
« Ainsi, pour les équipes qui poursuivraient la procédure transrectale traditionnelle, cibler le traitement antibiotique prophylactique a aussi ses avantages. Quant à la nouvelle approche de biopsie transpérinéale de la prostate elle s’avère plus sûre pour les patients, et élimine également l’utilisation d’antibiotiques ».
« Le statu quo va changer »,
écrivent les auteurs, « la nouvelle technique permettant d’éliminer pratiquement toutes les infections et les décès liés à la biopsie ».
Source: JAMA Oncology 19 Sept, 2024 DOI : 10.1001/jamaoncol.2024.4000 Transperineal vs Transrectal Prostate Biopsy—The PREVENT Randomized Clinical Trial