L'utilisation à relativement court terme de médicaments immunosuppresseurs pour contrôler une maladie inflammatoire ne s’avère pas associée à un risque accru de cancer, conclut cette recherche menée par des scientifiques de l'Université de Pittsburgh et du Mass Eye and Ear (Boston). Ces conclusions, publiées dans la revue BMJ Oncology, vont permettre de rassurer les patients et les cliniciens qui peuvent hésiter à prendre ou prescrire ces médicaments, connus pour augmenter le risque de cancer chez les patients qui les prennent à long terme.
L’auteur principal, le Dr Jeanine Buchanich, chercheur et professeur agrégé de biostatistique à l'Université de Pittsburgh commente ces résultats : « nous autres chercheurs, sommes rassurés et nous espérons que les patients le seront aussi ».
Les immunosuppresseurs sont largement utilisés et transforment la prise en charge des patients atteints de maladies inflammatoires, mais il subsiste une crainte sur un risque de cancer associé, à propos duquel les médecins et les patients ne disposent pas de suffisamment d’informations. Atténuer ces inquiétudes concernant leur utilisation pour traiter les maladies inflammatoires va contribuer à de meilleures décisions thérapeutiques.
Immunosuppresseurs et crainte du risque de cancer associé
L’étude de cohorte SITE (Systemic Immunosuppressive Therapy for Eye Diseases ), débutée il y a environ 20 ans avait suivi 15.938 participants pendant 10 ans en moyenne, avec l’objectif d’évaluer le risque de cancer chez les patients atteints de maladies inflammatoires oculaires non infectieuses prenant des immunosuppresseurs. Cette étude avait déjà suggéré un risque limité de cancer associé aux traitements immunosuppresseurs à court terme. L’analyse des données avait en effet révélé l’absence de risque accru de mortalité liée au cancer et globale chez les personnes prenant ces immunosuppresseurs.
La nouvelle étude a porté sur 10.872 participants soit 84 % de la cohorte SITE, traités ou pas par immunosuppresseurs de 4 catégories (inhibiteurs du TNF, antimétabolites, agents alkylants et inhibiteurs de la calcineurine). Les patients traités ont pris ces médicaments pendant une durée médiane d'un an. L’analyse confirme :
- l’absence de risque excessif de cancer chez les patients qui ont suivi ce traitement à court terme, quelle que soit la dose et la classe de l’immunosuppresseur ;
- ces résultats sont probablement généralisables aux patients atteints de maladies inflammatoires, écrivent les auteurs.
- Ainsi, chez les participants pris en compte dans l’analyse, l’incidence du cancer est plus faible que chez les patients non immunodéprimés.
Cela suggère qu'un risque accru de cancer global dû aux immunosuppresseurs à court et moyen terme est très improbable.
Les chercheurs concluent à l’importance de ce résultat pour un grand nombre de patients souffrant de maladies oculaires inflammatoires et pour un large éventail de patients atteints d’autres maladies inflammatoires.
Sources:
- BMJ Oncology 21 Aug, 2023 DOI : 10.1136/bmjonc-2023-000037 Use of Immunosuppression and Subsequent Cancer Incidence: Cohort Study
- Ophtalmology 25 July, 2023 DOI: 10.1016/j.ophtha.2023.07.023 Use of Immunosuppression and the Risk of Subsequent Overall or Cancer Mortality