Si, comme le précisent ces scientifiques de la Mayo Clinic Arizona (Phoenix), le côlon est certainement le dernier endroit où se faire tatouer, le tatouage endoscopique est, en revanche, une technique médicale précieuse pour marquer les lésions colorectales en vue d'une intervention chirurgicale ou d'un suivi. Aujourd'hui, l’équipe documente une encre de nouvelle génération pour ces marquages, qui diffuse moins donc permet un marquage plus précis et est plus biocompatible que les encres existantes. Une nouvelle formulation, présentée lors du Congrès de l’American Chemical Society (ACS) Spring 2022 qui pourrait faciliter l'identification et l'élimination des polypes et des tumeurs complexes du côlon et qui, accessoirement permet de faire un point sur cette technique de marquage.
Une technique d’autant plus importante que le cancer colorectal est le troisième cancer le plus diagnostiqué et la deuxième cause de décès par cancer. Mars est aussi le mois de la sensibilisation au cancer colorectal et à la nécessité de dépister et détecter les lésions cancéreuses et précancéreuses. Les petits polypes peuvent généralement être retirés au moment de la coloscopie cependant, les lésions plus grandes et complexes sont souvent référées à des spécialistes ou à des chirurgiens pour un retrait ultérieur.
« Il est nécessaire de marquer les lésions plates et plus subtiles,
afin que le chirurgien puisse ensuite les retrouver », explique le Dr Rahul Pannala, gastro-entérologue et professeur agrégé de médecine à la Mayo Clinic.
Le tatouage endoscopique du côlon : pour marquer ces lésions observées lors de la coloscopie, les médecins injectent une encre commerciale, généralement à base de noir de carbone, à quelques centimètres de la lésion. Les encres actuellement disponibles dans le commerce offrent contraste élevé, mais une fois injectées, elles se diffusent rapidement autour du site de la lésion. Le chirurgien peut dans certain cas rencontrer des difficultés à situer précisément la lésion. De plus, certaines de ces encres peuvent déclencher une inflammation ou se diffuser dans d'autres tissus, avec un risque d’effets secondaires.
Une nouvelle encre pour le tatouage du côlon : la nouvelle encre surmonte ces limites, mieux visible grâce à des nanoparticules dérivées de métal combinées à un type de polymère qui adhère à la muqueuse du côlon, ce réduit également la diffusion de l'encre. De plus, les nanoparticules sont particulièrement visibles à l’imagerie par tomodensitométrie (CT scan). Testée chez des modèles animaux, l’encre n’induit aucun effet d’inflammation mais l'équipe poursuit ses recherches histopathologiques pour observer si des changements microscopiques se produisent dans la peau.
Vers de meilleurs soins aux patients : la nouvelle encre pourrait favoriser une élimination plus sûre des polypes et des tumeurs complexes, et permettre une identification plus fine de ces tumeurs à l'imagerie. Et ses applications ne se limitent pas au cancer du côlon, sous réserve de tests complémentaires, l’encre pourrait permettre de marquer des excroissances et des tumeurs
n'importe où dans l'intestin, y compris dans le pancréas.
Source: American Chemical Society (ACS) Spring 2022 22-Mar-2022 Biomaterials-based composite ink formulations for endoscopic imaging application