L'immunothérapie après la chirurgie chirurgicale prolonge la survie en rémission, chez les patients avec un cancer de la vessie à haut risque. Ces conclusions d’un essai clinique du National Institute of Health (NIH), publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM), permettent d’élargir les options de traitement pour ce cancer, généralement diagnostiqué tardivement.
L’étude, un essai clinique de grande envergure montrent qu'un médicament d'immunothérapie peut presque doubler la durée pendant laquelle les personnes atteintes d'un cancer de la vessie à haut risque et invasif survivent en rémission, après une ablation chirurgicale de la vessie. Ce traitement post-chirurgical par pembrolizumab (Keytruda), un médicament approuvé par l’agence américaine Food and Drug Administration (FDA) pour le traitement d'au moins 18 cancers différents, apporte ici ses preuves d’efficacité.
L’un des auteurs principaux, le Dr Andrea B. Apolo, chercheur au National Cancer Institute (NCI) du NIH note que « prolonger la période pendant laquelle ces patients sont sans cancer fait une grande différence dans leur qualité de vie ».
Un diagnostic de cancer de la vessie invasif sur le plan musculaire signifie que la tumeur de la vessie a envahi et traversé la couche musculaire de tissu qui entoure la vessie. Le traitement standard pour cette forme de cancer de la vessie consiste à retirer chirurgicalement toute la vessie. Pour améliorer les chances de réussite de l’intervention et d’éliminer les cellules cancéreuses qui auraient pu s’échapper de la tumeur, les patients reçoivent une chimiothérapie à base de cisplatine avant l’opération, appelée thérapie néoadjuvante, ou après l’opération, appelée thérapie adjuvante. Cependant, de nombreux patients atteints de cette forme invasive de cancer de la vessie ne peuvent pas prendre ou refusent la chimiothérapie néoadjuvante à base de cisplatine.
L’immunothérapie, une alternative à la chimiothérapie néoadjuvante à base de cisplatine ?
C’est bien l’objet de cette étude, regarder la possibilité d’administrer aux patients une immunothérapie après une chirurgie et évaluer le gain de survie en rémission. Un médicament d’immunothérapie, le nivolumab (Opdivo), a déjà été approuvé par la FDA en 2021, comme traitement adjuvant pour les personnes atteintes d’un cancer de la vessie à haut risque et invasif sur le plan musculaire.
L’étude regarde si un autre inhibiteur du point de contrôle immunitaire, le pembrolizumab serait également efficace comme traitement adjuvant chez 702 patients atteints d’un cancer de la vessie à haut risque et invasif sur le plan musculaire, ayant également subi une ablation de la vessie, et répartis pour recevoir un traitement adjuvant par pembrolizumab toutes les 3 semaines pendant 1 an, ou pour rester sous surveillance pendant la même période. L’analyse montre que :
- après un suivi médian de près de 4 ans, les patients du groupe pembrolizumab sont restés sans cancer pendant une durée médiane de 29,6 mois, contre 14,2 mois pour le groupe d’observation ;
- le pembrolizumab a été bien toléré, les effets secondaires les plus courants étant la fatigue, les démangeaisons, la diarrhée et une thyroïde sous-active.
Dans certains types de cancer, les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire tels que le pembrolizumab sont plus efficaces contre les tumeurs PD-L1-positives (c’est-à-dire que les cellules tumorales produisent une grande quantité de la protéine PD-L1 à leur surface), que celles qui ne le sont pas ou PD-L1-négatives. L’équipe a donc évalué également si l’effet du pembrolizumab variait en fonction du statut PD-L1.
- Parmi les 404 patients dont les tumeurs étaient PD-L1-positives, ceux traités par pembrolizumab sont restés sans cancer pendant une médiane de 36,9 mois, vs 21 mois pour ceux du groupe d’observation ;
- parmi les 298 patients dont les tumeurs étaient PD-L1-négatives, ceux traités par pembrolizumab sont restés sans cancer pendant une médiane de 17,3 mois, vs 9 mois pour le groupe d’observation ;
- le statut PD-L1 ne devrait donc pas être utilisé pour sélectionner les patients devant être traités par pembrolizumab, car les bénéfices du traitement sont bien là pour les 2 groupes.
- A 3 ans enfin, environ 61 % des patients du groupe pembrolizumab étaient encore en vie, contre environ 62 % des patients du groupe d’observation. Les chercheurs ont souligné que de nombreux patients du groupe d’observation ont commencé à prendre du nivolumab une fois celui-ci approuvé ou se sont retirés de l’étude, ce qui a pu fausser les résultats et rendre les données de survie globale plus difficiles à interpréter…
La recherche se poursuit donc sur l’exploration d’un traitement adjuvant utilisant différentes combinaisons d’inhibiteurs de points de contrôle immunitaires…
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) 14 Sept, 2024 DOI: 10.1056/NEJMoa2401726 Adjuvant Pembrolizumab versus Observation in Muscle-Invasive Urothelial Carcinoma
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