Le déploiement mondial du vaccin contre le cancer du col de l'utérus apporte aujourd'hui un retour d’expérience et de précieuses données grandeur nature : ces conclusions présentées lors du Congrès ECCMID 2024 de l’European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases, par une équipe australienne, confirment en effet que le vaccin est très efficace pour réduire le cancer du col de l'utérus et d'autres maladies liées aux papillomavirus humains (HPV) mais alertent sur les vulnérabilités en termes de couverture.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est fixé un objectif ambitieux : réduire l'incidence du cancer du col de l'utérus, un cancer principalement causé par le HPV et la mortalité associée de 30 % d'ici 2030, ce qui signifie en clair un objectif de vaccination pour chaque pays. L’objectif serait ainsi une couverture vaccinale de 90 % des filles avant l'âge de 15 ans- ainsi que le dépistage de 70 % des femmes au moins à 35 et 45 ans et bien sûr l’accès aux traitements pour toutes les femmes éligibles. Prises ensemble, ces mesures permettraient de réduire l’incidence du cancer du col en deçà de 4 cas pour 100.000 femmes par an.
Aucun pays n’a aujourd’hui atteint ces objectifs.
Sur l’efficacité démontrée du vaccin : cette équipe de gynécologues de l’Université de Melbourne confirme que la vaccination contre le HPV est bien efficace à réduire non seulement l'incidence et la mortalité du cancer du col de l'utérus mais aussi les maladies liées au HPV telles que les verrues génitales, les lésions précancéreuses du col de l'utérus, du vagin et de la vulve ainsi que d'autres cancers tels que les cancers de la tête et du cou et les cancers de l'anus et du pénis causés par d’autres types de HPV (couverts également par les vaccins).
Le vaccin, « l’outil » numéro 1 : les dernières données d’incidence montrent qu’une couverture vaccinale élevée contre le HPV, en particulier chez les filles (mais aussi les garçons), avant qu'ils ne soient infectés, constitue l'outil numéro 1 pour lutter contre les cancers du col de l'utérus et les maladies liées au HPV. Cependant, les auteurs rappellent aussi l’importance de l’éducation (ETP) et de la sensibilisation à d’autres mesures de prévention, telles que comme l'utilisation du préservatif pendant les rapports sexuels, la circoncision masculine et l’accès au dépistage des maladies du col de l'utérus et leur traitement pour prévenir le développement du cancer.
Inclus dans seulement 71 % des programmes nationaux de vaccination : sur 194 pays, 137 (71 % seulement ont à ce jour inclus le vaccin anti-HPV dans leurs programmes nationaux de vaccination, 4 autres l’ayant partiellement introduit et 57 (soit 27 %) ne l’ayant pas encore inclus. Parmi les pays ayant intégré le vaccin anti-HPV dans le programme national de vaccination, seuls 42 % l’ont intégré pour les 2 sexes.
- la couverture vaccinale complète moyenne est de 44 % à l’échelle mondiale ;
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en France, pour mémoire, si le taux de couverture vaccinale progresse, il reste inférieur à 50 %
également pour 1 dose chez les filles âgées de 15 ans et stagne à 40 % environ pour le schéma complet ;
- la base de données de l'OMS révèle également que le Canada, l'Irlande, la Suède, l'Espagne et le Portugal ont tous une couverture vaccinale complète supérieure à 70 %, les États-Unis et l'Allemagne étant à la traîne avec 50 à 70 % ;
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l'Italie et la France ayant les couvertures vaccinales les plus faibles avec respectivement 30 et « un petit » 50 % ;
- à l'échelle mondiale 21 % des filles ont reçu au moins une dose de vaccin contre le HPV à l'âge de 15 ans ;
- enfin, d’un pays à l’autre, il existe de grandes variations.
Des retours d’expérience positifs : la couverture vaccinale contre le VPH à dose unique chez les hommes de 15 ans en Australie en 2021 et 2022 était de 84,4 % et 83,1 %, respectivement. La couverture chez les femmes de 15 ans est encore plus élevée en 2021 et 2022 atteint respectivement de 86,2 % et 85,3 %.
- Ces couvertures vaccinales élevées ont permis une réduction de 92 % de la prévalence des types de HPV couverts par le vaccin, et l'Australie est en passe d’être le premier pays à éliminer le cancer du col de l’utérus en tant que menace de santé publique.
- Enfin, les chercheurs citent de nombreuses preuves de la littérature confirmant l’efficacité d’une bonne couverture vaccinale à réduire l’incidence des maladies à HPV : une méta-analyse de 2019 dans le Lancet de 65 études réalisées dans 19 pays à revenu élevé montre comment les infections à HPV, les verrues anogénitales et les lésions précancéreuses du col de l'utérus ont toutes diminué considérablement après l'introduction du vaccin. Une autre étude publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM) confirme que chez les femmes non vaccinées, les taux de cancer du col de l'utérus restent de 94 /100.000 femmes mais tombent à 17/ 100.000 chez les femmes vaccinées âgées de 17 à 29 ans et à 4/ 100.000 chez les femmes vaccinées de moins de 17 ans.
L’appel est donc à des efforts mondiaux visant à renforcer la couverture vaccinale contre le HPV, la France n’étant « pas de reste ».
Source : European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases (ECCMID 2024) 27 April, 2024 Global cervical cancer vaccine roll-out shows it to be very effective in reducing cervical cancer and other HPV-related disease, but huge variations between countries in coverage
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