Les coiffeuses, les esthéticiennes, mais aussi les comptables et les femmes qui travaillent dans les secteurs de la vente, de l’habillement et de la construction sont plus à risque de cancer de l’ovaire, pourquoi ? Parce que ces femmes subissent de plus fortes expositions à certains agents toxiques, répond cette étude, publiée dans la revue Occupational & Environmental Medicine, qui révèle ainsi desfacteurs de risque modiables ou évitables de ce cancer.
Sont ici montrées du doigt, les expositions à la poudre de talc, à l’ammoniac, à certains gaz propulseurs (fréons), à l’essence, aux agents de blanchiment… Alors que jusqu’à cette étude cas-témoins, peu de facteurs de risque modifiables du cancer de l’ovaire ont été identifiés. Les facteurs environnementaux, y compris ceux associés au lieu de travail, peuvent augmenter le risque, mais peu d’études avaient, jusque-là évalué ces facteurs de risque professionnels.
Les femmes moins représentées sans les études menées sur les cancers professionnels
L’étude s’appuie sur les données d’antécédents professionnels d’une étude cas-témoins, PRevention of OVArian Cancer in Quebec (PROVAQ), basée en population générale, pour examiner 2 caractéristiques de l’environnement de travail : l’emploi dans un rôle ou une industrie particulière et l’impact d’expositions professionnelles spécifiques. L’étude est menée auprès de 491 participantes, âgées de 18 à 79 ans, ayant reçu un diagnostic de cancer épithélial de l’ovaire et appariées avec 897 femmes exemptes de cancer de l’ovaire. Les chercheurs ont pris en compte les données sociodémographiques, les antécédents médicaux, les médicaments prescrits, les antécédents de reproduction, le poids et la taille, les facteurs de mode de vie et les antécédents professionnels au cours de la vie. L’analyse révèle que :
- plus de femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire avaient un niveau d’études inférieur, une utilisation de contraceptifs oraux plus courte et pas ou moins d’enfants que les femmes du groupe témoin ; ce sont tous des facteurs de risque déjà connus de cancer de l’ovaire ;
- après prise en compte des facteurs de confusion possibles, plusieurs fonctions ou secteurs professionnels apparaissent liés à un risque accru de cancer de l’ovaire ;
- précisément, travailler 10 ans ou plus en tant que coiffeuse, barbier, esthéticienne s’avère associé à un risque multiplié par 3 de cancer de l’ovaire ;
- travailler 10 ans ou plus en comptabilité, à un risque multiplié par 2 ;
- travailler 10 ans ou plus dans le secteur de la construction, à un risque presque multiplié par 3 ;
- de même, le travail à long terme dans l’industrie du vêtement est associé à un risque accru de 85 %, le travail dans la vente, à des niveaux de risque également accrus, de 45 % à 59 %.
18 agents toxiques en cause : des risques accrus de plus de 40 % sont observés pour une exposition cumulée élevée, de 8 ans ou plus à 18 agents différents, comprenant la poudre de talc, l’ammoniac, le peroxyde d’hydrogène, la poussière de cheveux, les fibres synthétiques, les fibres de polyester, les colorants et pigments organiques, la cellulose, le formaldéhyde, les gaz propulseurs, les composés chimiques naturellement présents dans l’essence et les agents de blanchiment…
Certains emplois particulièrement exposés : les coiffeurs, les esthéticiennes et les employés de ces secteurs constituent les emplois les plus fréquemment exposés à 13 de ces agents, dont l’ammoniac, le peroxyde d’hydrogène, les colorants et pigments organiques et les agents de blanchiment, et la deuxième profession la plus fréquemment exposée à la poudre de talc. A ce stade, les chercheurs ignorent si ces associations sont induites ou peuvent être induites par un agent unique, une combinaison ou d’autres facteurs liés aux conditions de travail.
Le nombre de femmes employées dans certains secteurs, dont l’imprimerie, le textile, le nettoyage à sec peut être élevé. Or, il existe un manque de représentation des femmes dans les études sur les cancers professionnels, soulignent les chercheurs.
« En excluant les femmes, nous manquons l’opportunité d’identifier les facteurs de risque de cancers spécifiques aux femmes, d’évaluer les différences de risque spécifiques au sexe et d’étudier les expositions dans les professions occupées principalement par des femmes ».
Source: Occupational and Environmental Medicine 10 July, 2023 DOI: 10.1136/oemed-2022-108557 Occupational environment and ovarian cancer risk
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