Cette équipe de cancérologues et de bioingénieurs de la National University of Singapore (NUS) Medicine utilise un supplément nutritionnel tout simple pour réduire les tumeurs du cancer du sein. Alors qu’1 femme sur 13 développe un cancer du sein au cours de sa vie, que l’annonce du diagnostic et les traitements comme la chimiothérapie et la chirurgie restent traumatisants, la perspective d’un supplément nutritionnel, dérivé de plantes et converti en un anticancéreux puissant, apporte l’espoir d’une prise en charge moins invasive et plus respectueuse de la qualité de vie. De premières preuves d’efficacité sur des modèles précliniques de cancer du sein viennent d’être publiées dans la revue ACS Nano.
Car il s’agit d’une nouvelle nanotechnologie qui permet de transformer un nutriment végétal en médicament du cancer du sein, ciblé sur la tumeur, donc à la fois puissant mais sans effets secondaires. Ce test préclinique montre qu’avec la nouvelle technologie, les cellules humaines du cancer du sein ont répondu par une rémission complète. Des essais cliniques sont déjà prévus, ainsi que d’autres tests pour d'autres tumeurs solides difficiles à traiter ou à réséquer.
La chimie bioorthogonale pour lutter contre les tumeurs
L'utilisation de produits naturels à base de plantes, transformés, une fois ingérés, par un processus appelé « catalyse bioorthogonale » -un processus qui permet d’intervenir dans des environnements biologiques en entraînant un minimum d'effets- pour réduire les tumeurs du cancer du sein est « une technologie révolutionnaire », explique l’auteur principal, le Dr Chester Drum, professeur à la NUS Medicine.
Du supplément végétal à la chimiothérapie ciblée : Le supplément nutritionnel bénin ( indole-3-acetic acid – IAA), trouvé dans les plantes, est transformé pour devenir un traitement puissant contre les tumeurs du cancer du sein. Par processus de réduction au contact du fer, IAA produit des radicaux libres et des métabolites qui s'attaquent aux cellules cancéreuses. Présent dans l'alimentation quotidienne, ce supplément n'a donc aucun effet secondaire nocif, précisent les chercheurs. Après administration de la molécule d'origine végétale, une nanotechnologie d'ingénierie convertit la molécule en un agent chimiothérapeutique puissant uniquement sur le site du cancer, un process qui évite les effets secondaires dans le reste du corps.
C’est la technologie de « catalyse bioorthogonale » qui permet cette conversion chimique du supplément naturel en chimiothérapie.
D’autres tests in vitro, sur des tumeurs du cancer du sein dérivées de patients humains et in vivo, sur des animaux modèles vont permettre d’améliorer la technologie. Mais à terme ce supplément nutritionnel intelligent pourrait suffire à prévenir la récurrence du cancer ?
Source: ACS Nano June, 2022 DOI: 10.1021/acsnano.1c11560 Bioorthogonal Catalysis for Treatment of Solid Tumors Using Thermostable, Self-Assembling, Single Enzyme Nanoparticles and Natural Product Conversion with Indole-3-acetic Acid