La voix et l’avis du patient et la manière dont il s’exprime peuvent prédire avec une grande précision, les résultats et la réponse au traitement du cancer, relève cette équipe d’oncologues de l’Université Flinders (Australie). Des conclusions présentées dans l’ESMO Ope, la revue de l’European Society for Medical Oncology qui ont une implication évidente pour les cliniciens : rester à l’écoute de son patient.
Ainsi, le point de vue et le discours d'une patiente atteinte d'un cancer du sein apporte déjà « une idée » de la manière dont la patiente va répondre au traitement, et parfois même plus précise que les outils diagnostiques ou les échelles utilisés par les cliniciens. La clé du succès thérapeutique semble donc résider, au moins partiellement, dans la prise de décision thérapeutique partagée, entre le médecin et son patient. L’auteur principal de l’étude, le Dr Natansh Modi, chercheur en épidémiologie clinique du cancer à l'Université Flinders conclut :
« la prise de décision partagée est une composante essentielle des soins centrés sur le patient,
un processus essentiel au cours duquel le clinicien et le patient partagent des preuves et des données et discutent des avantages et des inconvénients des traitements afin d’aboutir, ensemble, à la décision la plus appropriée et la plus éclairée ».
Certains cliniciens surestiment le bien-être physique de leurs patients
C’est pourquoi cette décision partagée doit obéir à une méthodologie rigoureuse : 2 outils peuvent être utilisés lors de ce processus :
- l’Eastern Cooperative Oncology Group performance status (ECOG PS), un outil interprété par le médecin,
- l’outil patient-reported outcomes (PROs) qui invite le patient à donner son point de vue sur ses capacités physiques, sociales, émotionnelles et fonctionnelles. Les données issues des PROs sont souvent utilisées comme données secondaires dans les essais cliniques pour aider à interpréter les résultats. Pourtant ces informations sont importantes pour fournir un pronostic au patient pour les types de cancer, y compris les cancers de la vessie, du poumon et de la peau, ainsi que pour le cancer du sein avancé HER2-positif.
L’étude a combiné et analysé les données de plusieurs essais portant sur un total de près de 3.000 patientes ayant suivi des traitements médicamenteux pour un cancer du sein avancé HER2-positif. Cette analyse confirme que :
- les informations rapportées par les patients, y compris sur leur bien-être physique et leur santé mentale sont des facteurs significatifs associés à la survie globale au cancer, à l'absence de progression du cancer ou au risque d’événements indésirables graves pendant le traitement.
« Les informations fournies par les patients eux-mêmes (PROs) sont plus fortement prédictives de leur réponse au traitement et de leur pronostic global que les scores (ECOG PS) interprétés par les cliniciens. Les niveaux de bien-être physique rapportés par le patient constituent la donnée la plus utile rapporté par le patient permettant de prédire le diagnostic ».
- Environ 70% des patients que leurs cliniciens définissaient pourtant comme pleinement actifs et capables de maintenir leurs performances sans restriction, signalent cependant des limitations de leur état de bien-être physique : la recherche souligne ainsi l'importance d'écouter les patients.
Enfin, en combinant les données rapportées par les patients et les analyses et évaluations cliniques des médecins, il devient possible de prendre une décision thérapeutique partagée avec les meilleures chances de succès.
Source: ESMO Open 24 May, 2022 DOI: 10.1016/j.esmoop.2022.100475 Patient-reported outcomes predict survival and adverse events following anticancer treatment initiation in advanced HER2-positive breast cancer
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