Les cellules cancéreuses explosent sous l'effet de cette histotripsie « sonore » et les tumeurs, même partiellement détruites par « le son » ne récidivent pas, conclut cette équipe de cancérologues de l'Université du Michigan (UM), qui présente, dans la revue Cancers, sa technique mise au point chez l’animal. Avec des résultats prometteurs, pour le traitement du cancer mais également des maladies neurologiques.
Le cancer du foie se classe parmi les 10 principales causes de décès liés au cancer dans le monde. Même avec plusieurs options de traitement, le pronostic reste médiocre avec des taux de survie à 5 ans inférieurs à 18 %. La forte prévalence de la récidive tumorale et des métastases après le traitement met en évidence un besoin clinique non satisfait.
Cette technologie ou histotripsie « sonore », non invasive, développée à l'Université du Michigan est basée sur les ondes ultrasonores qui détruisent de manière ultraciblée et mécaniquement le tissu cible, avec donc une précision millimétrique. La technique relativement nouvelle est en cours d’essai clinique, pour le traitement du cancer du foie, en Europe et aux États-Unis. Ce n’est pas la seule équipe à travailler sur les techniques de type ablation par ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU).
L'histotripsie, une option prometteuse pour l’ablation non invasive des tumeurs du foie
L’équipe travaille depuis 2001 au développement de cette nouvelle forme d’ histotripsie : là où une échographie typique utilise des ondes sonores pour produire des images de l'intérieur du corps, les bioingénieurs les utilisent pour cibler la tumeur, sans les effets secondaires nocifs des approches standards telles que la radiothérapie et la chimiothérapie. Les impulsions longues d'une microseconde émises ler transducteur de l'UM génèrent des microbulles dans les tissus ciblés, des bulles qui se dilatent puis explosent rapidement. Ces contraintes mécaniques violentes mais extrêmement localisées tuent les cellules cancéreuses et brisent la structure de la tumeur.
L'étude préclinique, menée sur la souris, modèle de tumeur du foie, démontre que la technique est efficace à « décomposer » les tumeurs, à tuer les cellules cancéreuses et à stimuler le système immunitaire de manière à empêcher une nouvelle propagation :
- précisément, la technique détruit seulement 50% à 75% du volume de la tumeur hépatique, mais le système immunitaire élimine ensuite le reste de la tumeur ;
- 80 % des animaux modèles ne présentent ensuite aucun signe de récidive ou de métastases.
« Même si nous ne ciblons pas la totalité de la tumeur, nous parvenons à la faire régresser suffisamment pour réduire le risque de métastases futures », commente l’auteur principal, le Dr Zhen Xu, professeur de génie biomédical à l'UM.
Reproduire des situations cliniques courantes : le fait de ne pas cibler la totalité de la tumeur est courant, dans de nombreuses situations cliniques, en particulier en raison de la taille, l'emplacement et du stade du cancer. L’étude a donc volontairement ciblé qu'une partie de chaque masse tumorale, laissant une tumeur intacte viable, pour étudier l'efficacité de l'approche dans les conditions courantes et pas toujours optimales.
L'histotripsie s’avère donc à ce stade pré-clinique une option prometteuse dans la prise en charge des tumeurs du foie et l’équipe espère que de prochains essais cliniques dont certains déjà en cours, vont permettre son adoption en routine clinique.
Source: Cancers 18 April, 2022 DOI : 10.3390/cancers14071612 Impact of Histotripsy on Development of Intrahepatic Matasteses in a Rodent Liver Tumor Model