Des études de plus en plus nombreuses documentent des liens entre le microbiote intestinal, l’incidence et la progression de certains cancers et l’efficacité des immunothérapies. Cette étude d’une équipe de l’Oregon State University révèle dans la revue Nature Medicine comment certaines bactéries intestinales nocives pourraient jouer un rôle dominant par rapport aux bactéries utiles. Ces données, bien que mettant en lumière les « mauvaises bactéries », confirment que la modulation du microbiote pourrait jouer un rôle clé dans la réponse à l'immunoithérapie et l'évolution du cancer.
Les chercheurs de l'Oregon State University, du National Cancer Institute, du Frederick National Laboratory for Cancer Research et de l'Université de Pittsburgh identifient ici des micro-organismes qui entravent l’immunothérapie de patients atteints de mélanome, avec une influence supérieure à celle des bactéries bénéfiques. Cet impact « des mauvaises bactéries » sur l’évolution et l’agressivité du mélanome est primordial alors que ce cancer métastase en propageant à d'autres organes tels que le foie, les poumons et le cerveau.
Lachnospiraceae ou Streptococcaceae ?
L’étude a porté précisément sur un type d’immunothérapie, une thérapie de blocage des points de contrôle immunitaire (où des anticorps inhibiteurs des points de contrôle immunitaire permettent ainsi aux cellules immunitaires d’attaquer et de détruire les cellules cancéreuses). Ces thérapies ont changé la donne dans de nombreux cancers, dont le mélanome et plusieurs études ont montré que les microbes intestinaux jouent un rôle dans la réponse du patient à ces thérapies, rappellent les chercheurs.
L’équipe analyse ici les données de plusieurs cohortes de patients atteints de mélanome recevant un type d'immunothérapie connu sous le nom de thérapie anti-PD-1 à l’aide d’une technique de modélisation informatique, pour déterminer quelles bactéries sont associées à des réponses meilleures ou pires au traitement :
- plusieurs « microbiotypes » ou types de microbiotes sont ainsi identifiés comme clairement corrélés à la réponse à l'immunothérapie contre le cancer : 2 signatures microbiennes – l'une relativement riche en Lachnospiraceae, l'autre en Streptococcaceae, s’avèrent respectivement liées à une réponse clinique favorable et défavorable à l’immunothérapie ;
- le microbiote intestinal devient rapidement un facteur dominant de la réponse au traitement (environ un an après le début du traitement), et à partir de ce moment, les « mauvaises bactéries » jouent un rôle plus important que celles qui favorisent le traitement.
Prises ensembles, ces données réaffirment le rôle clé du microbiote dans l'évolution du cancer et désignent de nouvelles cibles, microbiotiques.
Source: Nature Medicine 28 Feb, 2022 DOI: 10.1038/s41591-022-01698-2 Intestinal microbiota signatures of clinical response and immune-related adverse events in melanoma patients treated with anti-PD-1
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