Cette étude de cohorte d’Anciens Combattants ayant reçu un traitement systémique contre le cancer entre août 2010 et mai 2021 a permis d’évaluer l'efficacité du vaccin, 14 jours après la seconde injection chez ce groupe de personnes ayant été atteintes ou étant actuellement atteintes de cancer. Les résultats, publiés dans le JAMA oncology alertent contre une immunité vaccinale plus faible chez ces patients, certains sous-groupes plus immunodéprimés pouvant rester à risque précoce de COVID-19 en dépit d’une vaccination à 2 doses.
Les résultats confirment globalement que la vaccination contre le SRAS-CoV-2 permet donc bien de réduire les taux d'infection chez ces groupes de patients, en particulier chez ceux qui ne reçoivent plus de traitement systémique et chez ceux qui reçoivent un traitement hormonal. L’analyse révèle ainsi une efficacité moindre de la vaccination chez les patients toujours sous traitement systémique :
chez ces patients, 14 jours après la deuxième dose, l’efficacité de la vaccination est estimée à 58%, vs 85 % chez les patients qui n'ont pas reçu de traitement systémique dans les 6 mois précédant la vaccination et 76 % chez ceux qui reçoivent un traitement hormonal.
Même vaccinés, les patients traités pour un cancer encourent donc un risque accru de COVID-19 sévère
Cette étude de cohorte américaine, rétrospective et multicentrique a donc cherché à cerner l'association entre la vaccination contre le SRAS-CoV-2 et les infections par le SRAS-CoV-2 chez les patients atteints de cancer. L’étude est menée, de décembre 2020 à mai 2021 auprès de 184.485 adultes atteints de tumeurs solides ou hématologiques ayant reçu un traitement systémique contre le cancer durant cette même période et exempts de test positif au SRAS-CoV-2. Chaque jour de la période d’étude, les patients nouvellement vaccinés ont été appariés (1:1) avec des témoins non vaccinés ou pas encore vaccinés, en fonction de l'âge, de l'origine ethnique, de l'établissement de soins, de la ruralité et du lieu de résidence, du type de cancer et du traitement type/délai.
Le principal critère était une infection documentée par le SRAS-CoV-2, comme indicateur de l'efficacité du vaccin.
- Sur les 184.485 patients répondant aux critères d'éligibilité, 113.796 ont été vaccinés ;
- parmi ceux-ci, 29.152 patients vaccinés ont été appariés 1:1 à des témoins non vaccinés ou pas encore vaccinés ;
- sur un suivi médian de 47 jours, 436 infections au SRAS-CoV-2 ont été détectées dans la cohorte appariée (161 infections chez les patients vaccinés contre 275 chez les patients non vaccinés) ;
- 17 décès liés au COVID-19 ont été recensés dans le groupe vacciné vs 27 dans le groupe non vacciné ;
- l'efficacité globale du vaccin dans la cohorte s’élève à 58 % (14 jours après la deuxième dose) ;
- les patients ayant reçu une chimiothérapie dans les 3 mois précédant la première dose de vaccination atteignent une efficacité vaccinale de 57% vs 76 % pour les patients recevant une thérapie hormonale et 85 % pour les participants exempts de traitement systémique pendant au moins 6 mois avant la première dose.
La nécessité pour ces patients, de mesures supplémentaires de réduction des risques : en conclusion, si la vaccination COVID-19 reste efficace chez les patients atteints de cancer, certains sous-groupes immunodéprimés peuvent rester à risque de COVID-19 malgré la vaccination, et il est donc alors nécessaire d'envisager des stratégies supplémentaires de réduction des risques, telles que des tests sérologiques pour évaluer la réponse vaccinale et un rappel ou troisième dose de vaccin pour rebooster l’immunité vaccinale et optimiser la protection.
Source: JAMA Oncology December 2, 2021 DOI : 10.1001/jamaoncol.2021.5771 Association of COVID-19 Vaccination With SARS-CoV-2 Infection in Patients With Cancer A US Nationwide Veterans Affairs Study
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