Ces scientifiques du La Jolla Institute for Immunology (LJI) ont développé un nouvel outil pour comprendre l'activité enzymatique liée aux cancers du sang et aux maladies cardiaques. Leurs travaux mettent en lumière un processus dans les cellules immunitaires, qui contribue à expliquer pourquoi certaines personnes développent, plus facilement que d'autre, des maladies cardiovasculaires. Des conclusions publiées dans la revue Genome Biology qui mettent en exergue le rôle clé d’enzymes spécifiques, « TET », dans le maintien sur « la bonne voie », des cellules immunitaires.
Précisément, ces enzymes TET contrôlent l'expression de certains gènes en déclenchant un processus de déméthylation. Or, un dysfonctionnement de ces processus peut favoriser le développement de la maladie cardiovasculaire, explique l’auteur principal, Atsushi Onodera, chercheur au LJI, à l’origine de la découverte de ces enzymes « TET ».
Une famille de 3 enzymes qui modifient de manière critique l’expression de nos gènes
Les enzymes TET contrôlent l'expression des gènes en déclenchant un processus appelé déméthylation : lors de ce processus, une molécule appelée groupe méthyle est retirée du site où elle se trouve dans le code génétique. La déméthylation est importante car elle modifie la façon dont une cellule « lit » l'ADN. Depuis une dizaine d’années, l’équipe travaille sur cette famille d’enzymes, et a récemment montré l'importance de l'activité TET dans le développement du cancer. Son travail a révélé que les enzymes TET sont essentielles à une expression génique appropriée dans les cellules immunitaires et qu'elles peuvent protéger contre les mutations cancéreuses.
L'étude a porté sur la manière dont l'ADN des cellules immunitaires peut être altéré par les enzymes TET et ce processus de déméthylation passive, ainsi que par une enzyme de réparation de l'ADN appelée TDG (déméthylation active). Les chercheurs se sont concentrés sur le processus de prolifération de 2 types de cellules immunitaires : les cellules T CD4 « auxiliaires » et les monocytes afin d’observer comment la déméthylation se produit et comment elle affecte l'expression des gènes. L’équipe constate que dans ces cellules immunitaires, la plus grande partie de la déméthylation se produit par la voie passive, c’est-à-dire sous l’influence des enzymes TET.
Les mutations TET peuvent mettre la vie en danger : des mutations de l'enzyme TET2 désactivent (ou interfèrent avec) la maturation des monocytes qui peuvent devenir inflammatoires. Ainsi, les personnes porteuses
de mutations TET2 dans les macrophages ont une augmentation de 40% du risque cardiovasculaire.
C’est pourquoi, ces recherches qui peuvent paraître très expérimentales ont, en réalité, leur importance en santé publique : elles pourraient permettre à terme en traitant les patients atteints de ce type de mutation, de prévenir une partie de l’incidence des maladies cardiovasculaires.
Ici, les scientifiques documentent un nouveau programme d'analyse qui permet d’identifier les changements dans la modification de l'ADN et de « comprendre comment les mutations TET dans les cellules immunitaires peuvent impacter de nombreux types de cellules immunitaires et conduire à toute une série de maladies ».
Source: Genome Biology 22 June 2021 DOI: 10.1186/s13059-021-02384-1 Roles of TET and TDG in DNA demethylation in proliferating and non-proliferating immune cells