Le cancer du pancréas est l'une des tumeurs malignes les plus agressives, avec une survie médiane globale qui reste inférieure à 5 mois. Ce très mauvais pronostic est lié à un diagnostic le plus souvent tardif et à un manque de stratégies thérapeutiques efficaces. Le développement de traitements efficaces contre ce cancer demeure donc un objectif pour de nombreuses équipes de recherche. Cette équipe de l'Université de Nagoya (Japon) apporte une nouvelle piste : la suppression d'un régulateur génétique pourrait réduire la résistance du cancer du pancréas au traitement chimiothérapeutique. Ces travaux, publiés dans la revue Cancer Research, ouvrent enfin l’espoir d’une approche thérapeutique prometteuse.
L’équipe dirigée par le Dr Yutaka Kondo de la Graduate School of Medicine de l’Université de Nagoya a découvert que la surexpression d’une protéine, TUG1, chez de nombreux patients atteints d'un cancer du pancréas entraîne une augmentation de la libération d'une enzyme (DPD), qui décompose la chimiothérapie en un composé incapable de tuer les cellules cancéreuses.
Cibler cette nouvelle voie pourrait réduire la résistance à la chimiothérapie
L’équipe montre qu’en effet, cibler cette nouvelle voie permet de réduire la résistance à la chimiothérapie , chez la souris modèle de tumeur du pancréas : l’équipe a concentré son attention sur un long ARN non codant (lncRNA) appelé gène de régulation positive de la taurine 1 (TUG1). Les lncRNA sont des régulateurs de gènes. Plusieurs de ces régulateurs ont récemment été identifiés comme aidant certains cancers à résister à la chimiothérapie.
TUG1 est déjà connu pour être surexprimé dans les cancers gastro-intestinaux de mauvais pronostic et résistants à la chimiothérapie.
Les chercheurs montrent que :
- TUG1 est également surexprimé chez un groupe de patients atteints d'adénocarcinome canalaire pancréatique. Ces patients étaient résistants au traitement de chimiothérapie standard 5-fluorouracile (5-FU) et sont décédés beaucoup plus tôt que d’autres patients atteints mais avec de faibles taux d'expression de TUG1 ;
- TUG1 contrecarre l’action d’un microARN spécifique, ce qui favorise l’activité accrue d'une enzyme, appelée dihydropyrimidine déshydrogénase, qui décompose le 5-FU en un composé qui ne peut pas tuer les cellules cancéreuses ;
- Supprimer TUG1 pendant le traitement 5-FU de souris atteintes d'un cancer du pancréas en utilisant des oligonucléotides antisens attachés à un système d'administration de médicaments spécialement conçu pour cibler le cancer s’avère efficace contre la tumeur.
C’est donc une toute nouvelle approche thérapeutique contre le cancer du pancréas qui est aujourd’hui proposée par l’équipe japonaise, le ciblage de cette voie moléculaire qui favorise la résistance à la chimiothérapie chez certains patients atteints. Cibler le miARN en question ou inhiber TUG1 pourrait améliorer la réponse du patient au traitement et augmenter sa survie.
D’autres études sont déjà en cours pour valider ces nouvelles pistes thérapeutiques.
Source : Cancer Research March 1, 2021 DOI: 10.1158/0008-5472.CAN-20-3021 Cancer-specific targeting of taurine upregulated gene 1 enhances the effects of chemotherapy in pancreatic cancer
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