Cette récente recherche australienne vient confirmer l’une des premières études sur ces effets thérapeutiques du venin d'abeille publiée dans la revue Nature en 1950 : déjà dans ces travaux, le venin d’abeille montrait une capacité à réduire la croissance des « tumeurs » chez les plantes. Depuis d’autres études, cette fois sur des cellules cancéreuses humaines sont venues confirmer ces effets du venin d'abeille, sur différents cancers. Ces nouvelles données d’une équipe du Harry Perkins Institute of Medical Research et de l’University of Western Australia, révèlent même comment un peptide du venin, la mélittine, pourrait venir optimiser l’effet des médicaments anticancéreux.
L’auteur principal, le Dr Ciara Duffy (sur visuel) souhaitait se concentrer sur les propriétés anticancéreuses d’un composant spécifique du venin d'abeille, la mélittine, sur différents types de cellules cancéreuses du sein.
La mélittine efficace contre tous les sous-types de cancer du sein
La recherche est menée avec le venin de 312 abeilles et bourdons d’Australie, d’Irlande et d’Angleterre, testé sur les sous-types cliniques du cancer du sein, y compris de cancer du sein triple négatif, dont les options de traitement sont limitées. Les tests révèlent que le venin d'abeille détruit rapidement le cancer du sein triple négatif et les cellules du cancer du sein enrichies en HER2 (HER2 positives).
Un peptide appelé mélittine : c’est donc la première étude à valider ces effets du venin d'abeille et précisément de la mélittine sur tous les sous-types de cancer du sein vs cellules saines : c’est bien ce « très petit peptide » du venin d'abeille appelé mélittine qui concentre la majorité des effets anticancéreux du venin d'abeille. Et ce peptide reproductible de manière synthétique, avec les mêmes effets. La mélittine réduit en effet de manière significative, sélective et rapide la viabilité du cancer du sein triple négatif et des cellules HER2 positives.
Un venin doublement puissant :
- une concentration spécifique de mélittine peut en effet induire la mort des cellules cancéreuses à 100%, tout en ayant des effets minimes sur les cellules normales. En fait, la mélittine s’attaque aux membranes des cellules cancéreuses et les détruit en 60 minutes ;
- autre effet remarquable du peptide, en 20 minutes, il réduit considérablement les messages chimiques des cellules cancéreuses essentiels à leur croissance et à leur propagation. Lorsque les scientifiques examinent comment le venin d'abeille et la mélittine affectent les voies de signalisation du cancer, les messages chimiques qui sont fondamentaux pour la croissance et la reproduction des cellules cancéreuses, ils constatent, avec la mélittine, un arrêt quasi-complet de ces voies de signalisation.
La mélittine stoppe la signalisation dans les cellules cancéreuses du sein en supprimant l'activation du récepteur couramment surexprimé dans le cancer du sein triple négatif, le récepteur du facteur de croissance épidermique, et supprime également l'activation de HER2 surexprimée dans le cancer du sein HER2 positif.
La mélitinne, une nouvelle voie d’entrée thérapeutique dans les cellules cancéreuses ? L’observation que la mélittine, un composant majeur du venin d'abeille, peut inhiber la croissance du cancer du sein est prometteuse et apporte un nouvel exemple de composé/processus naturel, riche d’enseignement et d’implications. L’objectif serait de pouvoir utiliser la mélittine avec des médicaments de chimiothérapie existants car elle forme des pores, ou des trous, dans les membranes cellulaires du cancer du sein, permettant l'entrée d'autres molécules thérapeutiques dans la cellule cancéreuse …
« Nous avons constaté que la mélittine peut être utilisée avec de petites molécules ou des chimiothérapies, telles que le docétaxel, pour traiter des types très agressifs de cancer du sein. La combinaison de mélittine et de docétaxel s’avère extrêmement efficace pour réduire la croissance tumorale chez la souris ». De prochains essais devraient pouvoir confirmer ces promesses chez l’Homme.
Source: npj precision oncology 01 September 2020 DOI : 10.1038/s41698-020-00129-0 Honeybee venom and melittin suppress growth factor receptor activation in HER2-enriched and triple-negative breast cancer
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