Ce médicament indiqué dans le traitement de la schizophrénie combiné à la radiothérapie est extrêmement prometteur dans le traitement des tumeurs cérébrales mortelles, conclut cette équipe de l’Université de Californie – Los Angeles (UCLA). Des résultats si prometteurs, au stade de cette étude préclinique présentée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) que les essais cliniques (chez l’Homme) devraient débuter dès cet été.
On sait que le glioblastome est l'une des tumeurs cérébrales les plus mortelles et les plus difficiles à traiter. Ici, l’équipe de l’UCLA démontre, chez la souris modèle de glioblastome qu’un médicament utilisé autrefois pour traiter la schizophrénie (la trifluopérazine) combiné à la radiothérapie permet de prolonger la survie. Précisément, l’antipsychotique trifluopérazine cible non seulement les cellules du glioblastome, mais réduit leur résistance au traitement, une résistance fréquente dans cette forme agressive de cancer.
Des résultats pleins d’espoir pour ce cancer à très mauvais pronostic
Ces résultats sont très prometteurs pour les patients atteints de la maladie, pour lesquels la durée médiane de survie n'est que de 12 à 18 mois après le diagnostic.
Surmonter le risque de conversion du phénotype : la radiothérapie fait partie intégrante de la prise en charge de ce cancer et est reconnue comme l’une des options les plus efficaces. Cependant, dans de nombreux cas, les cellules de glioblastome deviennent résistantes à la radiothérapie parce que le rayonnement lui-même peut induire une « conversion du phénotype », un processus qui transforme certaines cellules souches non tumorales en cellules productrices de tumeurs, ce qui favorise la recrudescence du cancer.
La radiothérapie seule ne traite pas définitivement : chez la souris modèle de tumeurs très agressives, les chercheurs expliquent que si la radiothérapie prolonge la survie, elle ne traite que très peu la maladie. L’auteur principal de l'étude, le Dr Frank Pajonk, professeur de radio-oncologie à l'UCLA et membre du Jonsson Cancer Center explique : « Le médicament trifluopérazine en soi ne fait pas grand-chose non plus, mais en revanche, la combinaison trifluopérazine et radiothérapie est très efficace : le médicament ne sensibilise pas les cellules aux radiations mais empêche plutôt l'apparition de cellules souches de gliome résistantes ».
Bloquer la conversion du phénotype : pour parvenir à cette combinaison thérapeutique, les chercheurs ont regardé s'il existait des médicaments capables interférer avec la conversion du phénotype induite par les radiations. L'équipe a ainsi criblé plus de 83.000 composés puis en a identifié près de 300, dont la trifluopérazine. Cet antagoniste des récepteurs de la dopamine était déjà documenté pour bloquer la conversion du phénotype et améliorer l'efficacité de la radiothérapie. Testée sur des souris atteintes de tumeurs dérivées de patients, utilisée en combinaison avec les rayonnements, la trifluopérazine retarde avec succès la croissance des tumeurs et prolonge considérablement la survie globale des animaux.
La combinaison radiothérapie et trifluopérazine prolonge la survie de 100% chez le modèle souris
Ici, chez ces souris de plus de 200 jours vs 68 jours pour le groupe témoin n’ayant reçu que la radiothérapie. Alors que de nombreuses études précliniques sur le glioblastome font état d'une augmentation assez faible de la survie globale chez ces modèles animaux, qui se traduisent rarement par des avantages pour les patients, ici ces effets assez drastiques dans l'amélioration de la survie globale pourraient suggérer de vrais bénéfices pour les patients.
Un essai clinique mené chez des patients atteints de glioblastome récurrent va débuter cet été. « L’objectif est de voir si nous pouvons ainsi arrêter cette résistance à la radiothérapie chez l'Homme ».
Source : PNAS May 1, 2020 DOI : 10.1073/pnas.1920154117 The dopamine receptor antagonist trifluoperazine prevents phenotype conversion and improves survival in mouse models of glioblastoma
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