Cette équipe de l'Université du Minnesota associe des ultrasons à des particules de verre artificiel pour renforcer l'efficacité de l'immunothérapie dans la lutte contre le cancer du cerveau. Une stratégie nommée « Boucle d’Or » comme ce personnage de conte qui goûte trois bols de soupe pour trouver celle qui n’est ni trop chaude, ni trop froide et juste à la bonne température. Car pour être efficace, ce traitement doit bien être effectué à la bonne température. Ces travaux présentés dans la revue Advanced Therapeutics révèlent ainsi le rôle déterminant de cet équilibre thermique dans la relance de la réponse immunitaire contre le cancer.
Le glioblastome est la forme la plus courante de cancer du cerveau chez l'adulte. En France, son incidence est estimée à 5.000 nouveaux cas chaque année, aux États-Unis à 14.000 cas. Alors que notre corps possède des armées de globules blancs qui nous aident à lutter contre les bactéries, les virus et les cellules cancéreuses, l’auteur principal, le Dr Clark C. Chen, chef de Service de neurochirurgie de la faculté de médecine de l'Université du Minnesota, a cherché à mieux comprendre les processus par lesquels le glioblastome parvient à bloquer le système immunitaire et à devenir ainsi aussi agressif. Il cherche à « reprendre » la piste des immunothérapies, une piste extrêmement prometteuse qui permet de prolonger la survie dans de nombreux types de cancer. Malheureusement, jusque-là, les immunothérapies n’ont pas fait leurs preuves contre le glioblastome.
En modulant les ultrasons, il est possible de maintenir différentes températures qui favorisent la rupture de la tumeur
L’immunothérapie reste un défi complexe dans le traitement du glioblastome : l'immunothérapie agit en activant les globules blancs qui sont présents dans de nombreux types de cancer. Pour des raisons qui ne sont pas claires, les glioblastomes ne contiennent que peu de globules blancs. Il n'y a donc quasiment rien à activer pour l'immunothérapie. C’est le défi auquel s’est retrouvée confrontée, comme d'autres équipes de recherche, l’équipe américaine.
Pour relever ce défi, l’équipe a utilisé des nanoparticules de silice creuses (une forme de verre) et les a injecté dans les tumeurs de glioblastome afin d’activer le recrutement de globules blancs. Les tumeurs injectées ont ensuite été traitées par ultrasons focalisés de haute intensité qui ont permis de « faire exploser » les particules de verre, leur permettant ainsi de rompre les cellules cancéreuses et de libérer des protéines qui attirent les globules blancs. En modulant les ultrasons à haute fréquence, les chercheurs se montrent donc ici capables de créer différentes températures sous lesquelles les cellules cancéreuses se rompent plus facilement. Et de plus, l'immunothérapie ne fonctionne que lorsque les ultrasons sont ajustés pour maintenir une température corporelle stable une fois que les cellules cancéreuses sont rompues. En particulier, les températures qui s'écartent trop de la température corporelle semblent compromettre l'efficacité des globules blancs.
Au-delà de ces résultats qui apparaissent prometteurs pour le développement d’une immunothérapie du glioblastome, ces travaux ont permis la mise au point d’un système à ultrasons spécifique capable de rompre les cellules cancéreuses- et sans obligatoirement utiliser les particules de silice.
Une technique d’échographie qui devrait être prochainement testée chez des patients atteints de glioblastome.
Source: Advanced Therapeutics 16 August 2019 DOI : 10.1002/adtp.201900066 Microshell Enhanced Acoustic Adjuvants for Immunotherapy in Glioblastoma
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