Cette équipe de la RMIT University (Barcelone) prévoit un avenir plein d’espoir pour le traitement du cancer : des molécules à base d'or qui ciblent les cellules cancéreuses et laissent intactes les cellules saines, un objectif primordial et un défi poursuivi depuis de nombreuses années. Ces travaux présentés dans la revue Chemistry – A European Journal marquent une avancée certaine vers des médicaments anticancéreux de précision avec moins d'effets secondaires toxiques.
L’auteur principal, le Dr Neda Mirzadeh, co-responsable du groupe d'ingénierie moléculaire du RMIT, rappelle ce qui a motivé son équipe : les limites des chimiothérapies à base de métal couramment utilisées : « Nous avons fait d'énormes progrès dans le traitement du cancer au cours des dernières décennies, mais la maladie tue toujours plus de 9,6 millions de personnes dans le monde chaque année et reste la deuxième cause de mortalité dans le monde. Alors que les médicaments à base de métaux ont réussi à augmenter les taux de survie, leur efficacité est limitée par les effets secondaires toxiques, la pharmacorésistance et leur faible stabilité ».
De nouvelles molécules 24 fois plus efficaces et ciblées
L’équipe a mis au point des molécules à base d'or qui selon ces premières études précliniques s’avèrent jusqu'à 24 fois plus efficaces pour tuer les cellules cancéreuses que le cisplatine, un médicament largement utilisé contre le cancer. Enfin, ces molécules semblent également plus efficaces pour inhiber la croissance tumorale. Ces molécules synthétiques sont construites de manière à lutter contre la résistance des tumeurs et à rester ainsi efficaces dans le temps, contrairement aux chimiothérapies actuelles. 4 nouvelles molécules bioactives sont documentées avec leurs résultats d’efficacité contre 5 types de cellules cancéreuses.
Un potentiel incroyable pour le développement de nouvelles thérapies anticancéreuses durablement puissantes et précises : les 4 molécules évaluées se révèlent ici extrêmement cytotoxiques contre les cellules de cancer de la prostate, du sein, du col de l’utérus, du mélanome et du cancer du côlon. Les essais menés chez l'animal montrent que le traitement inhibe de manière significative la croissance tumorale (jusqu'à 46,9% vs 29% avec le cisplatine). Les composés à base d'or inhibent également l'action d'une enzyme trouvée dans les cellules cancéreuses, la thiorédoxine réductase, liée à la progression du cancer et au développement de la résistance aux médicaments.
De fortes propriétés anti-inflammatoires sont également constatées. C’est donc la promesse d’un double effet thérapeutique, anticancéreux et anti-inflammatoire et d’applications possibles dans le traitement d'autres affections inflammatoires chroniques telles que l'arthrite
L’or, une histoire médicale ancienne : l’or est un métal utilisé en médecine depuis des siècles, en particulier en Inde et en Chine. Le groupe d'ingénierie moléculaire de la de la RMIT University, qui réunit des chimistes et des pharmacologues possède une expertise de plus de 20 années d'expérience dans la conception de molécules d'or pour des applications pratiques. C’est l'une des équipes pionnières à s'intéresser au potentiel médical des molécules à base d'or.
« Nous savons que l'or est facilement accepté par le corps humain et nous connaissons son potentiel thérapeutique. Notre objectif est aujourd’hui de développer de nouvelles familles de molécules conçues sur mesure pour amplifier les propriétés thérapeutiques naturelles de l'or ».
Source : Chemistry – A European Journal Sept 2019 DOI: 10.1002/chem.201903388 Potent and selective cytotoxic and anti-inflammatory gold(III) compounds containing cyclometallated phosphine sulfide ligands
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