Composer avec le risque de rechute, les effets secondaires de la maladie et des traitements, mais aussi avec les nécessités de reprise de la vie quotidienne, la vie n’est pas simple après un diagnostic de cancer, constate cette enquête, VICAN2 -pour « Vie après le Cancer à deux ans du diagnostic »- menée par l’Institut national du Cancer auprès de auprès de 4.349 personnes… Des conclusions qui, en France, dans un contexte d’augmentation des cancers, concernent plus de 3 millions de personnes.
Alors que les chances de guérison et de survie à long terme évoluent favorablement, un nombre de « survivants » croissant va devoir faire face à cet après-cancer et ses difficultés du quotidien liées à la prise en charge de la maladie avec le système de soins, jusqu'à l'impact de la maladie sur les ressources et l'emploi et les défis de la poursuite des activités quotidiennes et sociales.
Le cancer, un facteur d'aggravation des inégalités sociales : Ici, les inégalités de santé prennent tout leur sens, avec la perte de chances qui touche les plus jeunes ou les plus âgés dans l'accès aux soins et les difficultés socio-économiques qui viennent alourdir le poids de la maladie.
– Dès « le départ », la difficulté est présente, avec l'annonce du diagnostic, qui, pour 18 % des répondants reste trop brutale, en particulier chez les femmes les plus jeunes (28 % des femmes âgées de 18 à 40 ans).
– L'implication des patients dans le choix des traitements est en progression même si l'information apportée par les soignants est jugée trop importante ou trop compliquée.
– La localisation de cancer conditionne bien évidemment la dégradation de la qualité de vie liée au diagnostic et à la prise en charge du cancer et ses séquelles.
– Enfin, la situation professionnelle est clairement mise en péril, avec environ 25% des patients qui vont perdre leur emploi après le diagnostic.
– Les discriminations restent présentes, pour 10% des patients, qui déclarent en avoir été l'objet. Là encore, les femmes et les plus jeunes se disent les plus concernés. La discrimination touche également plus fortement les personnes en difficultés financière (25 % d'entre elles s'en déclarent victimes).
Au-delà de ces effets psychologiques, ceux qui touchent le physique, au quotidien des personnes atteintes, en grande partie en conséquence des traitements, dégradent de manière importante le bien-être des patients. Les douleurs, la fatigue, les œdèmes lymphatiques, les déficits cognitifs, les dysfonctionnements gastriques, entraînent une dégradation des capacités physiques, parfois chronique et même irréversible. Une dégradation qui s'accompagne fréquemment de troubles urinaires, sexuels, et de l'infertilité … de facteurs de risques accrus pour certaines pathologies. En particulier là encore pour les plus vulnérables, soit parce que plus fragiles, soit parce que traversant l'épreuve dans des conditions de vie déjà difficiles.
Les chiffres sont éloquents :
· douleurs modérées à sévères : 17,5%
· fatigue chronique : 15,5%
· difficultés sexuelles comme les troubles de l'érection, sécheresse vaginale, sténoses…: 15,6%
· troubles chroniques des fonctions urinaires : 12,1%
· dégradation de l'image corporelle et perte de confiance : 10,9%
· troubles moteurs ou troubles de la vision : 8,1%
· troubles chroniques des fonctions gastro-intestinales basses (diarrhée, incontinence fécale …) : 7,3%
· neuropathie périphérique (troubles de la sensibilité, faiblesse musculaire …: 6%
· troubles psychologiques et psychosexuels: 5,4%
· troubles chroniques des fonctions gastro-intestinales hautes: 4,1 %
· des troubles chroniques dentaires ou buccaux: 3,1%
· syndromes hormonaux ou de la ménopause : 3,5%
· difficultés respiratoires: 3,4%
· lymphoedème des membres : 2%
· dépression ou anxiété : 1,5%
· peur de la rechute ou de mourir : 1,3%
· troubles cognitifs: 1,2%
· désordres endocriniens: 1,3%
· stomie définitive : 0,4%
Des résultats qui renvoient au Plan cancer 2014-2019 dont l'un des objectifs est limiter les conséquences sociales et économiques de la maladie et appellent à l'adaptation des systèmes de santé pour améliorer la surveillance, l'accès aux soins, l'accompagnement pour un groupe de population de plus en plus important et, tout particulièrement pour les plus vulnérables.
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