La mélatonine, ou « hormone du sommeil » aurait aussi le potentiel d’endormir la croissance de certains cancers du sein, montre cette étude expérimentale, menée par des chercheurs de l’Hôpital Henry Ford (Detroit). Cette recherche, publiée dans la revue PLoS One, constate que la mélatonine inhibe la production de cellules et bloque la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, sur un modèle animal de cancer du sein triple négatif.
Le cancer du sein triple négatif (négatifs pour les récepteurs d'œstrogènes (ER), de progestérone (PR) et la surexpression de la HER2) représentent environ 15% des cancers du sein. La mélatonine est une hormone naturellement produite par la glande pinéale (épiphyse) du cerveau en réponse à l'obscurité. Appelée « hormone du sommeil », synthétisée à partir de la sérotonine, un neurotransmetteur, la mélatonine existe aussi sous forme de supplémentation. En raison de ses propriétés antioxydantes, son effet d'inhibition de la croissance de certains types de cellules cancéreuses, en particulier en combinaison avec certains anti-cancéreux, a déjà été suggérée.
La recherche a porté sur l'efficacité de la mélatonine in vitro sur des cellules cancéreuses, et in vivo sur des souris modèles de cancer du sein triple négatif. Les souris ont été réparties au hasard entre un groupe « mélatonine » et un groupe de contrôle. Le groupe de la mélatonine a reçu un traitement chaque soir, une heure avant l'extinction des lumières et pendant 21 jours. A la fin du traitement, les chercheurs constatent, par tomographie d'émission de photons, que,
· les souris traitées présentent des tumeurs significativement plus petites alors que la tumeur a augmenté de façon significative dans le groupe témoin,
· la croissance vasculaire est moindre dans les tumeurs du groupe mélatonine,
· aucune des souris traitées n'a montré de perte de poids ou de léthargie durant le traitement, seulement une agitation, sans agressivité.
· Ces mêmes résultats sont constatés sur les lignées cellulaires.
La mélatonine inhibe l'angiogenèse : Réduire l'angiogenèse est une stratégie prometteuse pour limiter la progression du cancer. Car une fois que la tumeur dépasse les quelques millimètres de diamètre, l'hypoxie déclenche une cascade d'événements qui favorisent l'angiogenèse et la progression tumorale. L'effet de la mélatonine sur l'angiogenèse renforce son potentiel thérapeutique pour le cancer du sein.
Les auteurs de l'étude précisent, néanmoins, que la recherche n'en est encore qu'à ses débuts. D'autres recherches sont nécessaires sur le mode d'action précis de la mélatonine sur l'angiogenèse dans différents cancers, avant de premiers essais cliniques chez l'Homme.
Source: PLoS ONE January 09, 2014 DOI: 10.1371/journal.pone.0085311 Effect of Melatonin on Tumor Growth and Angiogenesis in Xenograft Model of Breast Cancer