Des tumeurs cérébrales pédiatriques mortelles, les astrocytomes de haut grade, extrêmement difficiles à traiter par radiothérapie ou chirurgie et qui résistent aux médicaments de chimiothérapie, ont probablement trouvé leurs cibles thérapeutiques avec cette recherche internationale. Ces travaux présentés dans la revue Nature Genetics révèlent de nouvelles voies de signalisation pour lesquelles des médicaments existent déjà et sont en cours de test pour d'autres cancers.
Les chercheurs du Dana-Farber Institute et de l'Université McGill identifient ici plusieurs altérations moléculaires qui favorisent le développement de ces « astrocynomes » de haut grade, des tumeurs malignes dont 'incidence est estimée à 1/12.500. Des tumeurs qui résistent aux différentes tentatives de traitement effectuées au cours de ces 30 dernières années, précisent les auteurs.
Les scientifiques ont séquencé des échantillons de biopsie d'un premier groupe de 40 enfants dont 25 étaient atteints de gliome infiltrant du tronc cérébral (DIPG), une tumeur cérébrale qui se développe à partir d'une zone du tronc cérébral située à la base du cerveau, dans la partie supérieure de la moelle épinière. Le DIPG est principalement diagnostiqué chez l'enfant entre les âges de 5 et 7 ans et représente 10 % à 15 % de toutes les tumeurs cérébrales pédiatriques. Son incidence en France est d'environ une cinquantaine de cas chaque année.
Les chercheurs ont identifié,
· dans la plupart des tumeurs, une première mutation « K27M » sur la protéine H3F3A impliquée dans l'épigénome et donc dont les effets peuvent modifier l'expression des gènes sans modifier leur structure ADN. Des mutations dans H3F3A avaient déjà été détectées dans une grande partie des astrocytomes pédiatriques de haut grade, mais on ne connait pas de médicament efficace contre cette mutation.
· Mais ces mutations H3F3A sont toujours combinées à d'autres mutations qui elles, peuvent être ciblées par des médicaments existants. Il s'agit d'une nouvelle mutation identifiée dans le gène de ACVR1 pour la première fois impliquée dans le cancer mais déjà impliquée dans une maladie rare, la fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP), dite aussi « maladie de l'homme de pierre », où les tissus s'ossifient progressivement.
· Les chercheurs ont enfin découvert d'autres mutations touchant des voies de signalisation, de PI3K et FGFR1, qui peuvent également être bloquées par des médicaments existants. Cette dernière découverte ouvre également des possibilités thérapeutiques.
C'est la «boîte noire» génétique de ces tumeurs qui commence à révéler ses indices sur le développement de ce cancer pédiatrique mortel, commente le Dr Mark Kieran, neuro-oncologue au Dana-Farber, co-auteur de l'étude. Une boîte noire qui s'ouvre après plus de 10 années de recherche et grâce à la collaboration de médecins et de patients de plus de 20 instituts et établissements.
Source: Nature Genetics 06 April 2014 doi:10.1038/ng.2950 Recurrent somatic mutations in ACVR1 in pediatric midline high-grade astrocytoma