Les médecins traitent-ils plus de patients atteints du cancer de la thyroïde que nécessaire ? Cette équipe de l’Université Thomas Jefferson (Philadelphie) souhaite, en effet, contribuer avec ses résultats à changer les pratiques de traitement des patients diagnostiqués avec un cancer de la thyroïde à faible risque. Les résultats présentés dans la revue Surgical Oncology révèlent que près d’un quart de ces patients ont subi une ablation inutile.
La thyroïde est une glande en forme de papillon qui repose sur les voies respiratoires dans le cou. La glande fabrique des hormones qui aident à contrôler le rythme cardiaque, la pression artérielle, la température corporelle et la manière dont le corps utilise l'énergie. Le cancer se développe lorsque les cellules se développent de manière incontrôlée dans la thyroïde.
Aux Etats-Unis, lieu de l’étude, près d'un million de personnes vivent avec et plus de 50.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Ce cancer est probablement celui qui a le meilleur taux de survie : le taux de survie à 5 ans atteint 98%.
Pour le cancer de la thyroïde aussi, il est temps de personnaliser le traitement
Le traitement standard du cancer de la thyroïde non diffusé à d'autres parties du corps est l'ablation chirurgicale de la glande. Une fois l'opération terminée, les patients reçoivent un second traitement, l'ablation à l'iode radioactif pris sous forme de pilule. La thyroïde absorbe l'iode et la radioactivité de l'iode tue toutes les cellules cancéreuses persistantes. Cependant cette deuxième ablation, à l’iodene s’impose pas à tous les patients. Dans cet esprit, en 2015, l'American Thyroid Association a publié des recommandations pour le traitement du cancer de la thyroïde indiquant que l'ablation à l'iode radioactif n'est pas toujours nécessaire pour les patients atteints d'un cancer de la thyroïde à faible risque.
Le surtraitement concerne aujourd’hui un patient sur 4 : sur la base de ces directives et à partir de l’analyse de 65.000 dossiers patients, les chercheurs de Philadelphie concluent ainsi que près d’un patient sur 4 diagnostiqués avec ce cancer reçoit plus de traitement que nécessaire. Cette pratique entraîne des risques pour le patient bien sûr, mais également des dépenses de santé inutiles. Le traitement comporte également le risque d'effets secondaires permanents à long terme, tels que la modification de la perception gustative du patient et le développement d'autres cancers, en particulier de la leucémie. Pourtant le cancer de la thyroïde à faible risque – de petite taille et qui ne s’est pas propagé à d'autres parties du corps – ne nécessite pas de traitement supplémentaire : les patients atteints d'un cancer de la thyroïde à faible risque ont un taux de survie supérieur à 97% à 5 ans, qu'ils subissent une ablation à l'iode radioactif après une chirurgie ou non.
Les patients plus jeunes au diagnostic sont les premiers concernés : l’analyse révèle également que les patients de moins de 65 ans sont les plus à risque de surtraitement, ainsi que les hommes, les patients hispaniques et asiatiques. Il apparaît également que certains ganglions lymphatiques de certains patients à faible risque ont été enlevés en plus de la thyroïde, même lorsque le cancer ne s'était pas propagé aux ganglions lymphatiques. Enfin, l’environnement de traitement a également son impact : « dans certains services, les médecins sont plus agressifs dans leur approche de la chirurgie et des traitements ultérieurs ».
Une meilleure sensibilisation des professionnels de santé à cette propension au surtraitement pourrait optimiser la prise en charge de ce cancer de manière personnalisée pour chaque patient. Une prise de conscience vraiment importante en Santé publique et en regard du coût croissant des dépenses de santé.
Source: Surgical Oncology June 2019 DOI : 10.1016/j.suronc.2019.05.011 The overuse of radioactive iodine in low-risk papillary thyroid cancer patients
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